Après l’UMP, le PS et Valls font campagne dans une école juive
INFO PANAMZA. Jeudi soir, Christophe Girard, maire socialiste du 4ème arrondissement de Paris, a réuni son comité de soutien dans un établissement privé de la communauté juive. Le ministre de l'Intérieur était présent.
Rendez-vous rue des Rosiers: tel était le mot d'ordre des sympathisants de Christophe Girard, l'une des têtes de liste du rassemblement PS-PCF-PRG conduit par la candidate Anne Hidalgo. L'intéressé avait annoncé la réunion sur Twitter:
— Christophe Girard (@cgirard) 5 Mars 2014
Chose singulière: ce meeting électoral organisé dans la capitale d'une république laïque s'est tenu dans un établissement scolaire à caractère confessionnel. Un mois plus tôt, l'UMP était exactement au même endroit avec son candidat Vincent Roger, porte-parole de Nathalie Kosciuzco-Morizet.
L'École de Travail ORT se définit elle-même comme une "institution juive". Elle est d'ailleurs rattachée au Fonds social juif unifié comme l'illustre cet extrait du "Guide des écoles juives".
Ex-adjoint à la Culture de Bertrand Delanöe et candidat à sa réelection dans le cadre des prochaines échéances municipales, Christophe Girard est devenu maire du 4ème arrondissement parisien à la suite de l'entrée dans le gouvenement de Dominique Bertinotti. Sitôt arrivé, l'homme avait déjà exprimé son attention envers la frange sioniste de l'électorat juif -particulièrement convoité à Paris comme le rappellent Atlantico et Le Figaro– en organisant dans sa mairie une soirée-hommage à l'ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin.
Mercredi 5 mars, à la veille de son meeting, Christophe Girard a également mis en ligne son clip de campagne. À 1'55, il y exprime sa promesse d'honorer la "mémoire" de l'arrondissement en illustrant ses propos par des images de la rue des Rosiers, coeur névralgique du quartier juif dans le 4ème arrondissement.
Municipales 2014-Christophe Girard-Pour un 4e innovant, rassembleur et citoyen from GIRARD Christophe on Vimeo.
La romancière Zoé Valdes, présente à la soirée de soutien organisée jeudi, a capturé des brèves vidéos des participants: outre Christophe Girard, on peut y reconnaître le journaliste Ivan Levaï et le ministre Manuel Valls.
En 2007, l'ex-époux d'Anne Sinclair et intime de DSK s'était distingué par des propos communautaristes tenus lors de la campagne présidentielle. Ivan Levaï soulignait que l'électorat musulman, pourtant plus nombreux que l'electorat juif, avait moins d'influence que celui-ci avant de conclure en souriant: "C'est pas grave!".
Quant à Manuel Valls, sa présence dans un meeting électoral organisé dans une école juive peut laisser songeur.
Son "amitié" prodiguée envers Christophe Girard -maire d'un arrondissement dans lequel il a lui-même grandi et où demeure encore sa mère Luisa Valls– justifie-t-elle cette transgression politique au regard de la tradition française: soutenir une campagne électorale transitant par un établissement religieux?
Posons la question autrement: imagine-t-on un ministre solidaire d'un élu local Vert qui aurait eu la fantaisie de réunir son comité de soutien dans un lycée musulman? Ou le numéro 2 d'un gouvernement venant soutenir un baron UMP dans le salon d'un collège catholique? Certainement pas. Les journalistes présents hier soir (Le Monde, Le Figaro, l'AFP) n'ont pourtant pas souligné dans leur papier une telle incongruité.
Proche des dirigeants du Crif, le ministre en charge des cultes (qui s'était discrètement déclaré -comme l'avait révélé l'auteur de ces lignes- "lié de manière éternelle à la communauté juive") est paradoxalement réputé pour son discours intransigeant sur la laïcité. En 2011, lors de la campagne des primiares socialistes, il en avait fait un cheval de bataille, insistant particulièrement sur les carences de l'islam de France -d'après lui- à ce propos.
L'été dernier, il promettait -avec un brin de véhémence- de "faire vivre cette laïcité partout!".
Rebelote en novembre, lors d'un meeting du PS contre les "extrémismes", où Manuel Valls affirmait, avec fébrilité, que "la laïcité, c'est l'apaisement!"
Quelques semaines plus tôt, il était l'invité d'honneur du Comité Laïcité République, un groupuscule préoccupé par l'islam et dirigé par Patrick Kessel, ancien grand maître du Grand Orient de France. Jeannette Bougrab -très émue- y a reçu un prix décerné par l'écrivain algérien Boualem Sansal, notamment en raison de son "combat" pour la crèche Baby-Loup. Quant au ministre, il a tenu un discours au cours duquel il brocarda (à 10') ces pays "au-delà de la Méditerrannée"– qui devraient, selon lui, prendre modèle sur la laïcité à la française.
En se rendant dans une école juive pour promouvoir la campagne d'un maire censé incarner le principe de neutralité religieuse de l'État, Manuel Valls confirme involontairement le coeur et la gravité d'un problème passé sous silence par la classe politique et les grands médias: la pratique de plus en plus évidente d'une laïcité à géométrie variable.
S'il fallait une nouvelle illustration dans cette saga du deux poids deux mesures en matière communautaire, la brève séquence électorale du 4ème arrondissement de Paris devrait suffire.
Hicham HAMZA
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2 responses to Après l’UMP, le PS et Valls font campagne dans une école juive
on va se reveiller et être plus solidaire et surtout COMMUNAUTAIRE pour que notre destin ne soit plus entre les mains des sionistes.
Salut!
Personne pour interpeller le marigot sur "9/11: le nouveau Pearl Harbor" ??