Hassen Chalghoumi vu par France 4 : un simple Bisounours
Le samedi 12 octobre, l'émission "C'est quoi ce boucan?" de France 4 a diffusé un bref reportage au vitriol consacré à l'imam controversé Hassen Chalghoumi. A vous de juger.
Selon Amandine Scherer, rédactrice en chef de l'émission, il s'agissait d'un "portrait caustique". D'après Rokhaya Diallo, l'une des trois personnalités interrogées au cours du reportage, c'était une "enquête".
Panamza vous propose de découvrir la vidéo en question, co-produite par Chakib Lahssaini (également présentateur de l'émission), validée par Amandine Scherer et réalisée par la journaliste Lise Pressac.
Si certains internautes, sur les réseaux sociaux, n'ont pas manqué de se réjouir (même en avance) de la diffusion d'un tel reportage (au vu de ce court extrait mis en ligne deux jours auparavant), d'autres ont regretté le caractère superficiel et simplement railleur de cette "enquête", plus proche de l'esprit du Petit journal de Canal+ que de celui des véritables émissions d'investigation. Nulle surprise : comme son homologue Yann Barthès, Chakib Lahssaini revendique la source de son inspiration, en l'occurrence l'animateur américain (politiquement correct) Jon Stewart – un ex-comédien issu du monde du stand-up, et non de l'enquête journalistique.
Chakib Lahssaini
Et le court temps imparti à ce type de séquence n'est pas une excuse (d'ailleurs invoquée sur Twitter par la journaliste) : de 1997 à 2002, le Vrai journal de Karl Zéro diffusait occasionnellement de brèves enquêtes pourtant fouillées (produites alors par l'agence CAPA) sur des sujets controversés et qui reléguaient l'humour au second plan.
"MDR" ou la misère de l'infotainement
Si l'on peut saluer le fait qu'une chaîne du service public ose enfin, même succintement, écorner l'image du président de la "Conférence des imams", on peut tout autant déplorer l'angle inoffensif du "Lol Journalisme" adopté par l'émission.
L'autrice de ce sujet, Lise Pressac, réussit ainsi le tour de force de ne jamais aborder la critique primordiale adressée -depuis 2009- à Hassen Chalghoumi par ses coreligionnaires: son instrumentalisation, à propos du conflit israélo-palestinien, par la frange ultra-sioniste de la communauté juive, incarnée par la direction du CRIF ainsi que par son ami Sammy Ghozlan (qui s'était vanté le 6 février, sur l'antenne de Radio J, d'avoir eu l'idée de la création de la "Conférence des imams").
Le manque de charisme intellectuel est un grief secondaire, d'autant que le discours de Hassen Chalghoumi (contrairement à ce qu'avance Rokhaya Diallo) est particulièrement politisé (menace exagérée du djihadisme en France, relativisme sur les exactions israéliennes, combat en faveur de la loi contre le port de la burqa, éloge de Ben Ali, Sarkozy et Valls, etc).
Enfin, le reportage n'a pas, non plus, évoqué le caractère discriminatoire du personnage, révélé -en avril dernier- par l'auteur de ces lignes. Dans un entretien accordé antérieurement au Figaro et passé jusqu'alors inaperçu, Hassen Chaghoumi affirmait ainsi ne pas vouloir voir sa fille "entourée que de Blacks et de Beurs à l'école".
Panamza reviendra prochainement sur une nouvelle affabulation de "l'imam des lumières" à propos de son récent voyage au Vatican. En attendant, les lecteurs désireux de mieux connaître Hassen Chalghoumi, au-delà des sarcasmes qu'il peut susciter, peuvent consulter un dossier spécial ici.
Enfantillages
Chose triviale, le reportage de Lise Pressac fait régulièrement allusion à Candy et aux Bisounours. Associer Chalghoumi à de tels personnages de dessins animés, c'est pourtant suggérer, in fine, que l'homme serait simplement doux, candide et innocent. Et non pas ambitieux, calculateur ou manoeuvrier.
Qu'il s'agisse -dans les médias audiovisuels- de le célébrer ou de l'édulcorer, une chose est certaine : dans les deux cas, Hassen Chalghoumi n'a rien, au fond, à redouter.
Hicham HAMZA
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