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Gazé par des policiers et des voleurs, secouru par des habitants de Barbès

Lors d'une manifestation pour une juste cause, il est possible de faire de mauvaises rencontres. Illustration.

Le 21.07.2014 à 15h12

Depuis 48 heures, tout -ou presque- a été dit, écrit, montré, notamment sur Internet, à propos du rassemblement en faveur de la Palestine du 19 juillet. Ce qui suit n'est pas un reportage mais plutôt un pas de côté: le récit personnel et subjectif d'une folle fin de journée sur les trottoirs de Barbès.

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Acte 1 : au coeur d'un laboratoire de guérilla urbaine

Vers 19h, la plupart des manifestants se sont dispersés. Aux abords de la rue Custine, une poignée d'individus nargue et provoque les forces de l'ordre. Étrange sensation: celle d'observer des policiers en train de s'adonner à ce qui ressemble à un perfectionnement au combat de rue post-révoltes urbaines de 2005. À plusieurs reprises, je pouvais constater, entre deux jets de gaz lacrymogène, un ballet consistant à se ruer vers des groupes de manifestants et feindre de vouloir les attraper après avoir usé du flashball.

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Paradoxalement, les casseurs -idiots utiles de Manuel Valls et du Crif- n'étaient pas systématiquement pourchassés: à l'inverse, j'ai vu des individus pacifiques mais adeptes de la vidéo rapprochée se faire traquer dans les ruelles adjacentes. C'était d'ailleurs l'un des aspects majeurs du rassemblement: l'usage intensif du smartphone comme arme de dissuation massive à l'encontre des bavures policières. Le pendant de ce phénomène: énormément de flics en civil, également munis de smartphones, croyant être discrets mais trahis par leur souci de filmer chaque citoyen présent aux alentours.

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Acte 2 : les rapaces de la cause palestinienne

La soirée tombe. Avant de repartir et de quitter le boulevard Barbès, je filme avec mon téléphone portable les débris occasionnés par les affrontements et les douilles des flashball jonchées sur le sol. Un jeune homme arborant, à l'instar de son camarade présent à ses côtés, un large keffieh palestinien m'aborde et me demande en arabe le chemin menant à la "rue Gorgo". N'étant pas en mesure de le renseigner, je le vois s'éloigner vers une passante pour la solliciter à son tour.

Quelques minutes plus tard, il revient vers moi et fait mine de s'excuser en me bousculant avant d'arracher brutalement mon smartphone.

Son ami surgit alors derrière moi et m'asperge brièvement de gaz avec sa bombinette. Ironie du sort: le fait d'avoir inhalé, quelques heures auparavant, le gaz lacrymogène des policiers me rend -du moins, sur le moment- insensible à sa manoeuvre. Les deux compères détalent et se séparent: je décide de poursuivre le voleur qui s'est engoufffré dans la rue Myrha.

Acte 3 : les barbus de Barbès à la rescousse

Âgé d'environ 23 ans, l'homme gringalet qui s'est emparé de mon portable peine à courir vite. Alors que je suis sur le point de le rattraper, son camarade -plus athlétique- nous rejoint par une rue parallèle, se dirige vers moi en faisant un pas de danse et parvient à m'asperger de nouveau avec sa bombinette de gaz, cette fois-ci de manière plus violente. La nocivité du produit se fait alors nettement ressentir: mes yeux deviennent brûlants et je peine à distinguer les silhouettes de mes assaillants qui reprennent la fuite.

Miracle: tandis que des hommes de la rue Myrha se contentent d'observer passivement la scène de la course-poursuite et de la nouvelle agression au gaz, une dame, méditerranéenne, la cinquantaine et semblant surgir tout droit d'un film de Pagnol, se met, depuis l'entrée de son immeuble, à hurler "Au voleur, au voleur, arrêtez-le!". Posté plus haut dans la rue, un groupe de jeunes gens, lookés mi-streetwear mi-islamique, entend son appel et commence à s'agiter: "Oh, oh, qu'est-ce qui se passe? Où tu vas comme ça, toi?" déclare l'un d'entre eux à mon voleur.

Ce dernier, conscient que la bande de sept ou huit individus ne semble visiblement pas prêt à le laisser continuer, ralentit. "Ça va, ça va", réplique-t-il pour tenter des les apaiser en sortant mon téléphone de sa poche et en le brandissant en ma direction. Je le reprends et m'apprête à empoigner mon voleur pour l'immobiliser -le temps d'appeler la police censée quadriller le quartier à cette heure- mais le groupe s'interpose entre nous et lui ordonne de se "casser". Entretemps, son complice avait disparu par une rue adjacente lors de l'appel à l'aide lancé par l'habitante de la rue Myrha.

Le visage, les yeux et les avant-bras fortement irrités par le gaz aspergé, je décide de me rendre aux urgences et d'établir un certificat dans l'éventualité d'un dépôt de plainte.

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 Ce que je retiens de cette étrange journée? 

L'absurdité consistant à se faire gazer, à deux reprises et à deux heures d'intervalle, au même angle du boulevard Barbès par des individus différents.

L'ironie de constater que de pseudo-pro-palestiniens ont agressé et commis un vol à l'arraché à l'encontre d'un journaliste blacklisté par la mouvance sioniste hexagonale.

Le regard froid de mes assaillants drapés de manière ostentatoire dans un keffieh transformé en tenue de camouflage à des fins cupides.

L'absence d'intervention des policiers pourtant omniprésents, ce jour-là, dans un secteur par ailleurs dense en caméras de vidéo-surveillance.

Le civisme salvateur d'une poignée d'habitants de Barbès qui ont préféré réagir plutôt que de baisser les yeux.

Et quelques courbatures d'avoir couru -en mode montée d'adrénaline, les yeux emplis de gaz et au terme d'une longue journée- pour récupérer les précieux fragments de vie conservés dans un smartphone et régler son compte aux escrocs de la cause palestinienne. 

HICHAM HAMZA  

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7 responses to Gazé par des policiers et des voleurs, secouru par des habitants de Barbès

  1. On juillet 21st, 2014 at 17:40 , myms ctt said...

    Bravo pour ton courage et merci pour tes VRAIES informations

  2. On juillet 21st, 2014 at 20:15 , GG said...

    faites attention Hamza, les partisans de la guerre civile sont des deux côtés, et les taupes sont partout pour manuipuler les foules … il faudra toujours des exactions pour justifier les actions, la société est déjà préalablement conditionnée pour fonctionner comme ça !

  3. On juillet 21st, 2014 at 23:04 , jha said...

    il y a au sein du systeme des gens qui comprennent ce qui se passe…le parlement ne represente plus rien,le gouvernement est infeodé à des puissances étrangeres,le systeme financier et médiatique sont sous control étranger….alors que veut dire le terme "légitimité".

    Monter les Arabes/Musulmans contre les Français/Européens…pourquoi?

    Semer l'anarchie dans les pays du Sud…pourquoi?

    Tout ce CHAOS organisé,cette pseudo-guerre de civilizations n'ont ils pas pour but de dissimuler la responsabilité de certains dans la prochaine crise financiere…la plus grande que l'humanité n'ait vecue?

  4. On juillet 23rd, 2014 at 13:13 , Céline said...

    Hicham, merci pour ton travail exceptionnel,  regarde cette video sur YouTube en tapant: France 3 IDF dénonce la manipulation de la LDJ

    C'est bizarre que ce soit passé sur France télévision

  5. On juillet 25th, 2014 at 22:35 , Savinkov said...

    Merci pour ce récit et bon courage pour votre site.

    Impressions dérisoires (en regard de la tragédie en cours, au moins) de la manif du 23 juillet :

    Arrivé à l'heure mais cortège déjà parti : pas de rassemblement. Un signe ?

    Il faut accélérer pour rejoindre un secteur plus dense du défilé. Impression de mixité sociale très plaisante (tout au long de la manif, d'ailleurs). Je me retrouve près de la Gaza Firm. Euh, les gabarits sont assez impressionnants, ça me donne une idée du niveau des bastons entre tribunes du PSG à la grande époque. Encore une bonne raison de me réjouir de n'être pas né parisien. Autour, une ambiance assez légère, des ananas potaches.

    J'ai instinctivement plus de mal avec les drapeaux quels qu'ils soient, tout en appréciant le geste de celui qui brandit à la fois un drapeau palestinien et un drapeau français : on n'est pas maître de ses réflexes conditionnés.

    De toute manière dans une manif on ne fait pas fonctionner l'intellect : on suit le mouvement !

    Souvenirs de jeunesse en voyant les innombrables appareils de photo. A l'époque ça faisait partie du jeu que d'essayer de distinguer les RG parmi les rares photographes visibles. Et il valait mieux pour ces derniers être en mesure de prouver qu'ils n'en étaient pas (des RG). Aujourd'hui on se demande combien de personnes vont bien pouvoir analyser la surabondance d'images saisies et entre quelles mains notre bobine un peu paumée va donc finir.

    Bon, même sans vouloir trop y penser, on finit à force par se poser des questions sur certains slogans lancés depuis la camionnette. Les idées qu'ils évoquent pourraient bien sûr faire l'objet de débats intéressants… mais il s'agit ici de faire entendre les revendications de la rue. Je ne crois pas qu'ils expriment raisonnablement les revendications de la rue française en l'état des choses. C'est vrai que la situation en Palestine n'a rien de raisonnable non plus… Mais j'accélère quand même, surtout pour ne plus voir la pancarte d'un partisan de Morsi.

    Et là, ventre mou. La coupure est-elle voulue ? En effet, en rejoignant la première partie du cortège, il faut surfer pour ne pas se retrouver assimilé aux NPA, AC et autres groupuscules trotskystes. On ne va quand même pas regarder ailleurs en sifflotant pour bien marquer notre distance dont tout le monde se fout. Ah, finalement peut-être pas les groupuscules en question qui, eux doivent me photographier pour leur base de données comme flic, entriste, voire infiltré potentiel !

    De toute manière c'est crétin d'aller seul à une manif. Là encore, c'est l'instinct qui parle plus que la raison: "On ne va pas laisser faire tout ça. On pourrait peut-être même, qui sait, inverser la tendance…"

    Et puis les souvenirs encore. C'est dans les manifs que j'ai appris très jeune à comprendre un peu mieux les forces en présence dans la société, sa violence policée. C'est dans les manifs que j'ai rencontré aussi des révoltés un peu plus cohérents que les moutons encartés de tous bords.

    Alors, s'il faut subir quelques « Allah hou Akbar » et une proposition de réciter la Fatiha en mémoire des victimes (le P.S. et la droite raciste exultent : « On vous l'avait dit : c'est des islamistes! ») , s'il faut voir s'agiter les drapeaux rouges de sang, entendre réclamer plus ou moins d'Etats… Tant pis. Le jour on on pourra réunir 20 000 personnes dans la rue en évitant quelques abrutis – dont moi – n'est pas encore venu. Et ce jour-là, en définitive on s'ennuiera peut-être.

    Où doit-on se rendre samedi pour manifester illégalement ?

    "And the white man in Hammersmith Palais is only… looking for fun."

  6. On août 5th, 2014 at 22:35 , RRR said...

    Sur la deuxiemme photo, ce sont des policiers en civil ? 

  7. On août 8th, 2014 at 10:47 , mcfr said...

    Certains provocateurs sont envoyés par les fascistes. Par contre les vrais manifestants sont condamnés à de la prison ferme.

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