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François Hollande va-t-il serrer la main du leader de l’extrême droite israélienne?

Cas de conscience. Deux semaines avant la visite d'Etat du président de la République en Israël, le gouvernement Netanyahou annonce aujourd'hui le retour en son sein d'Avigdor Lieberman, principale figure de l'extrême droite.

Je vous félicite pour votre acquittement acquis à l'unanimité [des juges] ainsi que pour votre retour au gouvernement afin que nous puissions travailler ensemble au bien d'Israël.

Tels sont les mots employés aujourd'hui par Benyamin Netanyahou, Premier ministre d'Israël, à propos d'Avidgor Lieberman. L'ex-ministre des Affaires étrangères israélien (2009-2012), qui était inculpé pour fraude et abus de confiance, a été acquitté ce mercredi par un tribunal de Jérusalem.

Cet après-midi, Le Monde qualifie -avec une infinie délicatesse- l'intéressé de "personnage controversé". Certes: ses prises de position peuvent prêter à la polémique. En 2009, Arte lui consacra ainsi un bref reportage à travers l'exposition du racisme décomplexé de ses militants.

En mars 2013, cet ultra-nationaliste, originaire de Moldavie et président de la commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense, était invité par un prestigieux think-tank américain, The Brookings Institution, afin d'exposer sa vision singulière de la politique internationale. A titre d'illustration -parmi tant d'autres exemples disponibles- de son idéologie, on peut l'entendre ainsi exprimer à 26 minutes de la vidéo suivante son regret au sujet de Moïse, qui aurait dû mener son peuple « au Bénélux » plutôt qu'au Moyen-Orient car les pays voisins seraient plus aimables que ceux entourant Israël.

Du 17 au 19 novembre, François Hollande doit effectuer une visite d'Etat en Israël et dans les Territoires palestiniens. Benyamin Netanyahou a déjà fait savoir qu'il allait lui "dérouler le tapis rouge" car il est un "ami d'Israël". Un juste retour des choses au regard de l'accueil chaleureux, le 1er novembre 2012, du Premier ministre israélien par le Président français.

Comme son prédecesseur, François Hollande ne devrait pas, non plus, poser d'obstacle à la volonté israélienne d'influencer les processus de décision en France. Lors de la conférence conjointe de presse en 2012, au détour d'une question relative aux prochaines élections législatives en Israël, le Président français n'avait pas fait de commentaire, précisant simplement (à 12'20) qu'il n'était jamais souhaitable de « s'occuper de la politique intérieure de nos hôtes » avant d'ajouter aussitôt ce propos sybillin: « Avec la réciprocité, qu'ils ne s'occupent pas, non plus, de notre politique intérieure ». Eclat de rire de Netanyahou en guise de réponse.

 

Pierre Moscovici, ministre des Finances, fera également partie de la délégation française à se rendre mi-novembre dans la région. Cet ex-strauss-kahnien qui, jadis, se qualifiait (au sein du cercle Léon Blum) de « juif, sioniste et socialiste » est également l’homme qui prononça, lors du dernier dîner annuel de la chambre de commerce France-Israël, ces paroles audacieuses pour le membre d'un gouvernement supposément laïc :

J’ai une pensée pour Goldnadel qui avait déclaré avoir reproché à Moïse d’avoir conduit les hébreux dans le désert pendant 40 ans pour les mener au seul endroit du Moyen-Orient ou il n’y a pas de pétrole.

Grâce aux entreprises françaises -je l’espère- finalement, Moïse sera vengé.

Enfin, le mystère demeure à propos d'une éventuelle présence de Manuel Valls. Ce dernier a annulé sa visite, initialement prévue début novembre, à Tel-Aviv en raison des dernières révoltes en Bretagne. Le ministre de l'Intérieur, qui déclara antérieurement -en petité comité- son « engagagement absolu pour Israël » devait venir renforcer la coopération policière (et notamment l'échange d'informations du Renseignement) entre Paris et l'Etat hébreu.

En compagnie de Patrick Maisonnave, nouvel ambassadeur de France en Israël et admirateur obséquieux du président Shimon Peres, François Hollande sera guidé dans les coulisses de la vie politique à Tel-Aviv. Reste à savoir si une caméra sera présente pour capturer une image emblématique : celle du président socialiste serrant la main du leader raciste, belliciste et xénophobe de l'extrême droite israélienne.

Hicham HAMZA

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