Ulcan, la France et Israël : le grand bluff
Protection mafieuse de l'axe Paris-Tel Aviv. Menaces de mort, piratages informatiques, usurpations d'identité : l'ambassade d'Israël s'est contentée d'un bref communiqué laconique au sujet du cybercriminel franco-israélien Grégory Chelli. Décryptage.
Le 26.10.2014 à 16h28
Daniel Schneidermann ne manque pas d'humour.
Le site dont il assure la responsabilité éditoriale –Arrêt sur images– a publié vendredi un article au titre presque cocasse :
L'info? Le communiqué minimaliste de l'ambassade d'Israël à Paris à propos de l'un de ses ressortissants, réfugié dans le quartier cossu Youd Alef d'Ashdod.
L'auteur du papier d'Arrêt sur images, dénommé Robin Andraca, avait co-animé en août un maigre débat sur Ulcan en compagnie de Schneidermann, Benoît le Corre (dont le père décédé avait été harcelé par Grégory Chelli) et Willy Le Devin.
Ce dernier, journaliste à Libération (dont le travail sur le Qatar est promu par l'association radicale France-Israël), a également relayé la nouvelle du jour avec un article au titre particulièrement saugrenu:
Notons que Le Devin, souvent approximatif, présente tacitement la capitale d'Israël comme étant Jérusalem : une erreur sur le plan du droit international doublée d'une faute journalistique, mais une assimilation qui devrait ravir la mouvance ultra-sioniste en général (qui défend cette représentation, notamment depuis l'annexion de l'est de la ville en 1967) et le nouvel actionnaire principal de Libération en particulier (Patrick Drahi, homme le plus riche d'Israël). Sans omettre de signaler ici le cas emblématique du patron direct de Willy le Devin : Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération et chantre de la "supériorité morale" d'Israël lors de l'invasion de Gaza en 2008.
Quant au texte de son article, il est presque digne du traitement édulcoré d'Ulcan par France 2 : il est ainsi question, sur un mode d'écriture empathique, de "menaces scabreuses", d'"actions peu glorieuses" et d'un "narcissisme outrancier" imputé au délinquant multirécidiviste. Les mots "extrémiste, raciste, sioniste" pour désigner Ulcan n'y figurent pas.
Vingt jours plus tôt, Libération avait déjà usé d'un titrage trompeur à propos du personnage en employant les qualificatifs "sans foi ni loi", ce qui ne manquerait pas de faire sourire ceux qui connaissent , via le suivi du site Viol Vocal, la revendication réitérée par Ulcan d'un militantisme non seulement "sioniste" mais également "juif" pour justifier ses actes.
Deux mois auparavant, Willy Le Devin -l'homme à l'origine de la diffusion de la rumeur relative au projet gouvernemental d'une pseudo-dissolution de la Ligue de défense juive- avait également mené l'entretien téléphonique d'Ulcan (capturé et mis en ligne par l'interviewé) avec, par moments, une certaine complaisance: le journaliste avait ainsi tenté d'amadouer son interlocuteur en lui évoquant (à 47') la "dénonciation depuis de longs mois" du tandem Dieudonné-Soral par son journal Libération.
Pierre Haski, cofondateur de Rue 89, a évoqué plus sérieusement le communiqué de l'ambassade israélienne -qualifié de "service minimum"– en s'"étonnant" du "silence incongru" du gouvernement français sur le sujet.
Cible d'Ulcan à l'instar de Schneidermann, Haski partage curieusement un souci particulier avec son confrère: celui de s'inquiéter des répercussions de cette affaire sur l'image d'Israël. Le 4 octobre, Panamza avait souligné que le journaliste, auteur d'une biographie consacrée au criminel de guerre David Ben Gourion, avait affirmé qu'Ulcan faisait "du tort à Israël même" avant d'ajouter qu'il condamnait "sa méthode, pas son opinion".
Le 14 octobre, c'est au tour du sophiste Schneidermann (dont Panamza a dévoilé antérieurement la délicatesse subtile et insoupçonnée envers le régime de Tel Aviv) de publier un éditorial conclu par une étrange réflexion -similaire à celle d'Haski- selon laquelle Chelli sert "la cause des ennemis d'Israël".
Analogie: dans les années 80, seuls des éditorialistes d'extrême droite (tels ceux de l'hebdomadaire Minute) cultivaient la défense de Prétoria et pouvaient ainsi employer une expression équivalente pour fustiger "la cause des ennemis de l'Afrique du Sud", régime alors ségrégationniste comme l'est aujourd'hui Israël.
Ce que révèle l'impunité d'Ulcan
Pourquoi une telle précaution oratoire -chez certains titulaires de la carte de presse- pour nommer factuellement les crimes et délits commis par Ulcan? Pourquoi un tel souci -y compris dans la tête de certaines victimes d'Ulcan- au sujet des effets néfastes sur l'image déjà ternie d'Israël? Et, surtout, pourquoi aucun média français n'a-t-il envoyé de journaliste solliciter des réponses auprès de Gideon Sa'ar, ministre likudnik de l'Intérieur (sur le point de quitter ses fonctions) et de Tzipi Livni, ex-agente du Mossad (à l'origine de l'assassinat d'un savant nucléaire égyptien à Paris) devenue ministre de la Justice? Triple mystère.
Un fait -déjà souligné par de nombreux usagers des réseaux sociaux- demeure certain à ce jour: si Grégory Chelli, juif ultra-sioniste né dans le XVIème arrondissement de Paris, avait été un islamiste Franco-Algérien réfugié à Dubaï et parti en guerre contre des personnalités pro-israéliennes de l'Hexagone, nul doute que le vacarme politico-médiatique aurait été plus assourdissant.
Ulcan ne sert pas la "cause des ennemis d'Israël" selon la grotesque formule dramatique de Schneidermann : à son insu, l'homme qui continue, ces derniers jours encore, de se vanter de pirater des sites français consacrés à la défense des droits bafoués des Palestiniens, agit comme un révélateur. Celui d'une mystérieuse impunité d'État accordée à une infime minorité, radicale et "tribale", de la population française.
Reste à savoir comment les citoyens épris de justice et désireux d'abolir ces nouveaux privilèges de caste pourront lutter contre ce fléau couvert par le tandem Hollande-Valls, toléré par les élites décisionnaires du pays et jamais nommé pour ce qu'il est.
HICHAM HAMZA
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5 responses to Ulcan, la France et Israël : le grand bluff
Panamza au top
Ulcan le puant, le petit Fourest et el-blancos aux abois!
Que l'on soit bien claire, l'impunité d'Ulcan en particulier ne révèle absolument rien sur la situation en France.
C'est un citoyen étranger qui dépend d'une juridiction étrangère et on ne peut pas reprocher, ni à Valls ni à Hollande qu'Israël mette du temps à traiter cette affaire.
Le problème ici est la justice Israélienne, qui ne met pas plus d'entrain que ça à traiter de cette affaire (qui en même temps ne doit pas forcément être sa priorité …).
N'utilisez pas le cas Ulcan pour attaquer le gouvernement, il y a bien d'autres situations bien plus adéquates que celle-ci.
En espérant ne pas être modéré.
Bonjour Merci d'être de vrais journalistes car on a pas les moyens de combattre la preuve Dieudo Soral Blanrue etc… dès qu'il y a argument à montrer la main d'israchien sur ce monde boom antisemite! donc à quand b hmar levy portera plainte contre tous ceux qui ne sont pas aller voir sa pseudo piece d'être antisémite ?
@ Lior est ce que la justice francaise et les politiques francais partiquent toujours cela meme avec des pays qui ne donnent pas ses ressortissants ?
pas besoin de vous rappelez certaine affaire ou les service et les politiques ont plus que du lobbying pour recuperer des ( mechants )
@ Karim, je ne sais pas mais vous n'êtes pas sans savoir qu'Israël et la France n'ont aucun accord d'extradition, si ce n'est la convention d'extradition du Conseil de l'Europe (http://conventions.coe.int/treaty/fr/Treaties/Html/024.htm) mais qui a priori n'a pas l'air de s'appliquer pour ce cas (faudrait creuser pour savoir pourquoi). C'est la même situation avec énormément de pays comme le Japon par exemple.
Je disais juste qu'on ne pourrait pas critiquer le gouvernement Français de son inaction si le Japon ne voulait pas s'occuper d'un de ses hacker, et il en est de même avec l'affaire Chelli.
Je tiens à rappeler ici que ce sont des affaires souvent assez longues et qu'il ne faut pas imaginer que si rien ne bouge pendant 3 jours c'est qu'il y a un complot. A titre d'exemple, l'affaire Zeitoni (bien plus grave à mon sens que les délires de Ulcan, enfin on peut pas comparer vous me direz) a mis 2 ans avant de bouger (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/affaire-zetouni-le-conducteur-francais-qui-a-tue-une-israelienne-mis-en-examen_1278402.html).
En 2011, des Français écrasent une Israélienne et s'enfuient, puis rentrent en France, il faudra pas moins de DEUX ANS pour que les auteurs soient mis en examen en France (toujours pas d'extradition non plus). Deux ans pour un homicide involontaire et un délit de fuite. Considérez donc que répondre en moins de 2 mois aux demandes de la France concernant un mec qui a fait des canulars téléphoniques et qui a hacké des sites pro-palestiniens, c'est une très grande réactivité.
Bref, c'est l'air de dire qu'Israël ne fait rien, alors qu'ils ont juste fait un truc ultra rapide et réactif. L'air de dire noir quand c'est blanc.
Cordialement,
En espérant ne pas être modéré.