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Valls consulte un banquier qui a tiré profit de la crise grecque

Tout un symbole. Jeudi 3 avril, le nouveau Premier ministre a reçu Matthieu Pigasse, directeur de la banque d'affaires Lazard France. Présenté par les grands médias comme un sympathisant socialiste, l'homme s'est enrichi grâce à la dette de la Grèce.

Le 03.04.2014 à 15h53

Il est venu "parler de l'avenir, pas du constat": c'est en ces termes que Matthieu Pigasse a résumé l'entrevue de 45 minutes qui lui fut accordée ce matin par Manuel Valls.

Quel est cet individu suffisamement privilégié pour disposer de toute l'attention du nouveau Premier ministre, deux jours à peine après l'arrivée de celui-ci à Matignon? La plupart des médias présentent souvent Matthieu Pigasse comme un "patron de presse" (co-actionnaire du Mondedu Huffington Post et -bientôt- du Nouvel Observateur, propriétaire des Inrockuptibles), un "ancien conseiller de DSK", un "proche de Laurent Fabius" et un simple "banquier d'affaires" en omettant régulièrement de citer le nom de sa banque pourtant prestigieuse.

Vérifiez par vous-même: l'AFP, ReutersBFM TV, le Figaro, les Échos font ainsi preuve aujourd'hui d'une curieuse lacune journalistique pour évoquer cette entrevue. 

Depuis quatre ans, Matthieu Pigasse est formellement le directeur général délégué de Lazard France, une banque d'affaires franco-américaine qui fut leader –en 2012– sur le marché des fusions-acquisitions. Au terme de cette année florissante pour son employeur, voici ce que rapportait le magazine économique Capital à propos de Matthieu Pigasse, présenté avec férocité comme un "conseiller de la Grèce" qui "se paie grassement sur la dette"

Plus les Etats surendettés s’enfoncent dans la crise, plus Lazard, leur banque conseil favorite, se porte bien.

Et plus Matthieu Pigasse en profite, puisque sa rémunération (environ 5 millions d’euros par an) est directement indexée sur les performances de sa boutique.

Après un coup de mou en 2011 (le chiffre d’affaires avait baissé de 19%), les comptes de Lazard ont reverdi en 2012. Un rebond largement dû à la Grèce, qui a versé une commission record de 25  millions d’euros à la banque du boulevard Haussmann.

Cette réalité prosaïque n'a visiblement pas dissuadé Marianne, un hebdomadaire proche des mêmes cercles (ex) strauss-kahniens, de le présenter comme un "héros de la restructuration de la dette grecque". Même story-telling du côté de l'émission Des paroles et des actes de France 2 (présentée par David Pujadas et diffusée la semaine dernière) selon laquelle Matthieu Pigasse serait un  homme "marqué à gauche".

PIGASSE

Comprendre l'importance de la rencontre Valls-Pigasse nécessite de lever le voile sur Lazard, une puissante banque d'affaires dont l'adage résume le mystère : "Le secret de la maison, c'est le secret". Symbole par excellence du capitalisme oligarchique, le dernier héritier de cette institution franco-américaine se nomme Michel David-Weill.

En 2007, l'homme originaire d'Alsace accorda un rare entretien à Libération à la suite de la publication de son autobiographie. Présenté comme "un petit monsieur charmant, propret et bien lustré jusqu’aux boutons de manchette en opaline, si ce n’était des sourcils de démon rouquin qui se hérissent et flamboient tels des brandons de malice et de vivacité", l'ancien patron de Lazard (de 1977 à 2001) -dont le journaliste Luc Le Vaillant précisa au passage qu'il est "un important contributeur de la cause d'Israël"– s'était confié incidemment sur un événement auquel il assista en direct: la destruction du World Trade Center. Au sujet de cette opération co-pilotée par la frange radicale de la mouvance américano-sioniste et financièrement exploitée –à travers des délits d'initiés– par de mystérieux spéculateurs boursiers demeurés impunis, le dandy confessa une vision cynique si l'on en croit le portrait de Libération:

(Il se décrit) en « pessimiste joyeux » (avec) une vision noire de la civilisation.

Le 11 Septembre ne l’a pas pris de court, c’était comme s’il rentrait en territoire connu. A trop fréquenter les requins de la finance, il voit des gueules de raie et des têtes de congre partout.

Et peut lancer en expert : « Ce qui mène le monde, c’est le goût du sang. Les humains aiment tuer ».

HICHAM HAMZA                                                             

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5 responses to Valls consulte un banquier qui a tiré profit de la crise grecque

  1. On avril 3rd, 2014 at 17:56 , Ahil said...

    Bravo une nouvelle fois pour votre rigueur. Rien à dire si ce n'est bonne continuation.

     

    Un fidèle lecteur

  2. On avril 3rd, 2014 at 23:04 , SpritKritik said...

    Salam aleiku Hicham,

    longue vie à toi et ton jounalisme, il faudrait créer une école et apprendre "aux salopes de journalistes" comment travailler avec dignité et courage, tout en donnant l'espoir à ceux qui veulent se lancer dans le métier, qu'il est possible de garder " ses burnes" et dire la vérité, bel héritage pour les prochains, bonne continuation!

  3. On avril 6th, 2014 at 08:26 , Cadjehoun said...

    Votre conclusion dérape totalement à propos du 11 Septembre  : comment peut-on faire du journalisme et prétendre que cet événemnt fut piloté (donc commandité) par les cercles américano-sionistes? Quelles sont les preuves que vous détenez d'une opération commanditée par les sionistes et les Américains? Vous n'avez que des éléments de complicité et de collaboration. Dans ce cas, ce que vous apportez ne doit pas être négligé, mais la question capitale court toujours : qui a fomenté le coup? Avec David-Weill vous vous rapprocheriez au sens où vous mettez en lumière le coupable : non un homme, aussi madré soit-il, mais un système, qui dépasse l'action de tous les hommes y participant. Un peu de bon sens : le sionisme n'a qu'une place secondaire dans le monde de la finance. C'est d'ailleurs logique : la fin du sionisme nuit à la finance. Par contre la finance se sert du sionisme pour exécuter certaines opérations nauséabondes (comme elle se sert du CRIF contre Dieudonné le sinistre cynique). Bien à vous et au nom de la vérité.

  4. On avril 6th, 2014 at 11:05 , Dhiyab Dhari said...

    Panhamza continue de nous surprendre en disant tout haut ce que les hypocrites disent tout bas. Si tout le monde parlent ainsi et agit en conséquence un changement profond se produira tant au niveau national qu'international;

     

  5. On avril 7th, 2014 at 03:20 , Ruslann-Miloslaw said...

    Bel article. Il est à noter que la banque "Lazard frères" est  actionnaire à part importante de la FED. 

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