Le trio Hollande-Valls-Macron est proche du nouveau patron du Bilderberg
INFO PANAMZA. Les trois hommes chargés d'orienter la politique économique de la France entretiennent des relations discrètes avec le dirigeant du Bilderberg, groupe atlantiste et néolibéral.
Le 28.08.2014 à 13h41
Ce fut l'image du jour : le Premier ministre Manuel Valls ovationné, hier après-midi, par les patrons du MEDEF.
Un élément singulier peut être souligné à propos du discours conciliant de Manuel Valls devant le patronat: comme l'a également remarqué Libération, le Premier ministre cite, à deux reprises, un individu particulier:
Seul un chef d’entreprise, celui de l’assureur Axa, a eu droit à deux petites piques du Premier ministre.
Cité deux fois, Henri de Castries, que Manuel Valls «connaît bien» s’est fait gentiment tacler pour avoir dit dans Le Monde que «le pacte ne se traduit par aucun allégement» dans son entreprise.
«Peut-être que les allégements de charges ne concernent pas les salaires chez Axa», a glissé Manuel Valls sous les rires, manière de suggérer qu’ils étaient trop élevés pour en bénéficier.
Rebelote un peu plus tard, lorsqu’il a suggéré à Henri de Castries de prendre en compte le coût des écoles ou du logement lorsqu’il déclare que Londres est «souvent plus attractive que Paris» quand il s’agit pour Axa de développer de nouvelles activités.
Selon le mensuel économique Entreprendre –daté d'octobre 2012, l'homme que «connaît bien» Manuel Valls lui a été présenté par son ami de longue date Stéphane Fouks, vice-président d'Havas, co-directeur du Crif et ancien membre du "comité sioniste" du Mouvement des jeunes socialistes.
Henri de La Croix de Castries, comte de Castries
Les "petites piques" et le "gentil tacle"-selon les termes employés par Libération– que le Premier ministre a adressés à Henri de Castries peuvent être appréciés dans leur délicatesse à travers le visionnage, ci-dessous, des passages en question (à 16'15 et 25'44).
Les deux hommes s'entendent à merveille: le 24 juin, Henri de Castries avait remis un cadeau spécial (le fac-similé de l'assurance-vie de Jean Jaurès) à Manuel Valls lors de sa visite au siège du groupe AXA. Le Premier ministre y avait tenu cette déclaration forte : «Nous avons besoin de la finance».
Un aspect biographique est généralement omis par la presse hexagonale, ces jours-ci, quand il s'agit d'introduire une interview avec Henri de Castries: l'homme n'est pas seulement le PDG d'AXA, neuvième gestionnaire d'actifs mondial. Depuis le 31 mai 2012, ce fervent chrétien (descendant de Saint Roch et du marquis de Sade) et ex-Young Leader (1994) de la French-American Foundation, est également le président des Rencontres de Bilderberg.
De quoi s'agit-il?
Pour saisir la teneur du tabou qui entoure le sujet, Panamza vous propose de (re)découvrir cette brève séquence télévisée: en 2013, Natacha Polony avait interrogé Christine Ockrent (ex-salariée de la chaîne américaine CBS, membre du Siècle et autrice d'une biographie sur Hillary Clinton) à ce sujet. Hautaine et sarcastique, la journaliste -qui participa aux réunions de ce cénacle secret- sembla manifestement embarrassée.
En 2011, la chaîne canadienne Historia réalisa l'un des rares documentaires pédagogiques et sérieux à propos de cette organisation créee en 1954.
Le 1er juin 2012, au second jour d'une conférence organisée par le groupe, le site du quotidien anglais The Guardian évoqua Bilderberg et le profil singulier de son fondateur: le Polonais Joseph Retinger, secrétaire général du Mouvement européen et agent secret britannique financé par la CIA.
Au même moment, fin mai-début juin 2012, François Hollande, à peine élu à la présidence de la République, élaborait son futur gouvernement.
Ironie du sort, son "copain" et condisciple de l'ENA, le richissime Henri de Castries (tous deux nés d'ailleurs à trois jours d'intervalle, en août 1954), venait d'inaugurer sa présidence du Bilderberg. Selon l'hebdomadaire Challenges (en date du 6 octobre 2011), le patron d'AXA avait contribué au financement de la campagne des primaires socialistes de François Hollande.
L'actuel chef de l'État peut ainsi se targuer d'avoir été assisté, dans sa course à la présidence, par deux personnalités influentes sur la scène internationale: Henri de Castries, patron du Bilderberg, et Larry Hochberg, président d'un lobby israélo-américain dénommé Elnet.
Last but not least, Emmanuel Macron, nouveau ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique.
Ce proche de Jacques Attali, chantre hexagonal par excellence de la mondialisation, avait lui-même été récemment coopté, comme l'a révélé mardi Panamza, pour se joindre à la dernière réunion en huis-clos du Bilderberg. Ce fut également le cas de Manuel Valls en 2008 : celui qui était encore député-maire d'Évry aura du mal, trois ans plus tard, à évoquer le sujet de manière transparente et sereine.
Résumons: devant le patron du MEDEF (Pierre Gattaz, un homme formé à Washington), le Premier ministre Manuel Valls a évoqué son "intérêt" pour les opinions d'Henri de Castries, président du Bilderberg qui a financé la pré-campagne présidentielle de son ami de jeunesse François Hollande et convié Emmanuel Macron dans son club atlantiste.
Un détail significatif doit être évoqué pour conclure cet article relatif aux liens du Bilderberg avec la classe dirigeante française: un homme joue un rôle-clé mais opaque dans l'édification du groupe depuis 1954. Il s'agit de David Rockefeller.
Né en 1915, ce milliardaire américain continue d'exercer la fonction de "conseiller" unique auprès du Bilderberg.
Responsable principal de la construction -dans les années 60 et avec son frère Nelson– du World Trade Center de New York (les tours jumelles étaient d'ailleurs surnommées David & Nelson), le puissant personnage avait eu, de son propre aveu, des relations tumultueuses avec la communauté juive et sioniste en raison de son rôle d'émissaire "pro-arabe" de l'ex-président Richard Nixon. En 1970, il fit amende honorable en publiant une lettre ouverte en faveur d'un soutien total des Etats-Unis envers le régime de Tel Aviv.
Récemment, David Rockefeller a été sollicité par un documentariste à propos de sa réaction lors de l'opération israélo-américaine sous faux drapeau du 11-Septembre.
"J'étais là", dit-il en souriant avant de laisser échapper un long silence.
HICHAM HAMZA
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