Dépêche

Six Juifs arrêtés après le meurtre d'un jeune Palestinien, deux combattants tués à Gaza

Jérusalem (AFP) - La police israélienne a arrêté six extrémistes juifs après la mort d'un jeune Palestinien de Jérusalem-Est brûlé vif, dans un climat de tension illustré par des tirs répétés de roquettes de Gaza, où deux combattants ont été tués par un drone israélien.

Les suspects appréhendés dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'un adolescent palestinien "appartiennent apparemment à un groupe extrémiste juif", a déclaré à l'AFP un responsable israélien.

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Le Shin Beth, l'agence de sécurité intérieure, a de son côté indiqué que "plusieurs suspects juifs" avaient été arrêtés à l'aube et qu'ils étaient interrogés. Il s'agit de six jeunes.

M. Netanyahu a promis que "les auteurs de ce crime horrible subiraient toute la rigueur de la loi".

Aucun autre détail n'a été divulgué, l'affaire étant soumise à la censure, mais la police a admis, pour la première fois, que l'assassinat du jeune Palestinien pourrait avoir eu des raisons politiques: "la piste privilégiée est celle d'un crime à motif nationaliste", a dit à l'AFP une porte-parole de la police.

Mohammad Abou Khdeir, 16 ans, avait été enlevé le 2 juillet dans le quartier de Chouafat, à Jérusalem-Est occupée et annexée. Son cadavre - entièrement brûlé selon l'avocat de la famille - a été retrouvé quelques heures plus tard près d'une forêt dans la partie ouest de la ville.

Dès la découverte de ses restes, les Palestiniens avaient accusé des juifs extrémistes de l'avoir kidnappé et tué par vengeance après le rapt et le meurtre de trois étudiants israéliens dans la région d'Hébron, en Cisjordanie occupée, attribués par Israël au mouvement islamiste Hamas.

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Selon les rapports préliminaires d'autopsie palestiniens, l'adolescent de Chouafat a été brûlé vif.

Il a été enterré vendredi dans un climat très tendu, marqué par des troubles à Jérusalem-Est qui ont gagné samedi des localités arabes du nord d'Israël, où elles ont pris l'allure de manifestations antiracistes.

'Garder la tête froide'

A l'intérieur du "Triangle", le nom de la région de Galilée qui regroupe des agglomérations arabes, la police a annoncé avoir arrêté 35 manifestants dans la nuit de samedi à dimanche, pour moitié des mineurs.

Une journaliste de l'AFP a vu dimanche les traces noircies des émeutes nocturnes à Taybeh, Qalansawe et Oum al-Fahm.

De violents affrontements ont à nouveau éclaté dimanche soir dans le nord d'Israël, notamment à Nazareth, la plus grande ville arabe d'Israël, et à Tamra. Seize manifestants arabes israéliens ont été interpellés, selon la police.

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M. Netanyahu a exhorté les représentants de la communauté arabe en Israël à intervenir pour rétablir le calme.

La minorité arabe --1,4 million de personnes -- descend des 160.000 Palestiniens restés sur leur terre après la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Des heurts ont également eu lieu dimanche dans certains quartiers de Jérusalem-Est, le secteur à majorité arabe de la ville, ainsi que dans une localité bédouine du sud d'Israël, où 12 personnes ont été interpellées, selon la police.

Ce climat de violence inter-communautaire a aussi enflammé les réseaux sociaux où les appels à la vengeance se sont multipliés des deux côtés.

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Ainsi, une vidéo montrant un jeune Palestinien roué de coups par des gardes-frontières israéliens à Jérusalem-Est a soulevé une vive émotion.

Les États-Unis se sont dits "profondément inquiets" d'apprendre qu'un adolescent américain avait été "sévèrement battu" par la police lors de sa détention.

Le jeune homme arrêté, âgé de 15 ans, a été identifié comme un cousin de nationalité américaine de Mohammad Abou Khdeir. Accusé d'avoir lancé des pierres lors d'une manifestation à Chouafat, il a été relâché dimanche et assigné à résidence pendant neuf jours par un tribunal de Jérusalem.

Dans un entretien avec l'AFP, Tareq Abou Khdeir a démenti avoir caillassé des policiers: "Je ne lançais pas de pierres. Je ne faisais que regarder", a-t-il insisté.

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Le ministère de la Justice a ouvert une enquête interne concernant cet incident qualifié de "grave".

A Gaza, deux activistes ont été tués et un autre blessé tard dimanche soir par une frappe de drone israélien à l'est du camp de réfugiés de Bureij, dans le centre du territoire palestinien, selon le porte-parole des services d'urgences de Gaza, Achraf al-Qoudra.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a confirmé "avoir réussi à empêcher une autre attaque contre Israël en visant des terroristes impliqués dans le lancement de roquettes".

Depuis dimanche matin, au moins 25 roquettes et obus de mortier se sont abattus en territoire israélien, sans faire de blessé, selon l'armée.

L'armée israélienne a répliqué par des frappes aériennes et des tirs d'artillerie contre l'enclave palestinienne.

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Face aux salves de projectiles de Gaza, Benjamin Netanyahu s'est engagé à "faire tout le nécessaire pour ramener la paix et la sécurité" dans le sud d'Israël.

Mais il a appelé son gouvernement à la retenue devant le risque de confrontation généralisée.

"L'expérience a prouvé que dans des moments comme aujourd'hui, nous devons garder la tête froide", a plaidé M. Netanyahu à l'adresse de certains de ses ministres qui réclament une opération d'envergure contre la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas.

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