Premier procès des Femen en France : "Des réquisitions modérées"

Premier procès des Femen en France : "Des réquisitions modérées"
Les Femen devant la 10e chambre correctionnelle du tribunal de justice, à Paris, le 09 juillet 2014. (THOMAS SAMSON/AFP)

Les neuf Femen sont poursuivies pour leurs actions seins nus organisées en février 2013 dans la cathédrale Notre-Dame à Paris. Une opération qui s’est transformée en altercation avec des surveillants, convoqués pour violences.  

Par Le Nouvel Obs
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Couronnes de fleurs dans les cheveux, rubans de couleur flottants, quelques têtes blondes platines… L’arrivée des Femen devant la 10e chambre correctionnel du tribunal de Paris mercredi 9 juillet a tout de l’acte militant. Les journalistes sont massés en meute autour du groupe, qui répond à leurs questions avec l'assurance des militants rodés à l'exercice. Cinq heures d’audience les attendent pour le premier procès du groupe activiste en France. Neuf Femen étaient convoquées pour “dégradation en réunion dans un lieu cultuel”.

Ce n’est qu’en entrant dans la salle d’audience que les jeunes femmes rangent leurs couronnes et enfilent leur blouson noir. Elles étaient arrivées vêtues d’un T-shirt gris avec une photographie d’un buste de femme nu, imprimée du slogan “Sex & blasphemy” (Sexe & blasphème).

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Des peines d’amende requises contre les deux parties

Les faits? Elles se sont introduites dans la nef de la cathédrale Notre-Dame le 12 février 2013, jour du vote du projet de loi pour le mariage homosexuel à l’Assemblée Nationale. Les jeunes femmes se sont dénudées pour révéler des slogans sur leur poitrine, tels que "Pope no more" (Plus de pape), "Dégage homophobe" ou "Bye bye Benoit", en signe de contestation de l’Eglise catholique, jugée homophobe. Elles se sont ensuite approchées des cloches neuves de la cathédrale, entreposées provisoirement dans la nef, en attente d’une installation dans la tour nord de la cathédrale, et certaines auraient fait tinter une des cloches - la cloche Marcel, du nom d’un saint. La cloche, dorée à la feuille d’or, a été frappée avec des bâtons.

Patrick Jacquin,  le recteur de la cathédrale et "propriétaire" de l’édifice, porte alors plainte pour dégradation. De leur côté, les Femen se plaignent de plusieurs blessures causées par trois surveillants de la cathédrale, lors de leur expulsion. Une des Femen a la dent cassée, d’autres, des ecchymoses et des douleurs à l’épaule. La plupart ont obtenu au moins trois jours d’incapacité temporaire totale. Les surveillants sont poursuivis pour violences les militantes lors de leur expulsion de l'édifice.

Une peine d'amende de l'ordre de 1.500 euros a été requise mercredi 9 juillet contre les membres du groupe féministe. Des amendes allant de 250 à 500 euros avec sursis ont été requises contre les trois membres du service d'ordre de la cathédrale. "Les réquisitions sont relativement sévères, commente Michaël Ghnassia, l’avocat des Femen, ce sont des réquisitions d’amendes or l’action était punie de 7 ans d’emprisonnement, à l’origine, donc on peut considérer que les réquisitions sont sévères sur un point de vue juridique mais ça reste tout à fait modéré finalement".

"Défendre le droit du blasphème"

Les neuf jeunes femmes - cinq étaient présentes au tribunal - contestent les dégradations qui leur sont reprochées, soulignant qu'elles avaient pris soin de recouvrir de feutrine les bâtons qu'elles ont utilisés.

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"Je n’ai pas été empêchée de m’approcher de la cloche et mon but n’était pas d’apporter une dégradation", se justifie-t-elle. Elle affirme ensuite que l’acte “avait un but politique et social pour soutenir le mariage homosexuel”, Notre-Dame étant "un symbole d’opposition au mariage homosexuel car il représente l’Eglise catholique".

A la sortie de l’audience, les Femen se débarrassent de leur blouson et revêtent à nouveau leurs couronnes avec ce discours :"défendre le droit du blasphème".  

M.J. avec AFP

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