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Human Rights Watch accuse l'Egypte de « probable crime contre l'humanité »

La mort en 2013 d'au moins 700 manifestants réclamant le retour de Mohamed Morsi a été une « tuerie de masse », estime l'ONG, qui réclame une enquête.

Le Monde avec AFP

Publié le 12 août 2014 à 12h36, modifié le 12 août 2014 à 16h23

Temps de Lecture 2 min.

Les forces de l'ordre égyptiennes ont « méthodiquement ouvert le feu sur des foules de manifestants », dénonce Human Rights Watch (HWR). Un jour après que son directeur a été refoulé d'Egypte pour des « raisons de sécurité », l'ONG a présenté mardi 12 août un rapport (en anglais) sur la mort, le 14 août 2013 au Caire, de centaines de manifestants qui réclamaient le retour du président égyptien destitué Mohamed Morsi.

Parlant d'une « tuerie de masse » qui « s'apparente probablement à un crime contre l'humanité », l'organisation internationale sise aux Etats-Unis réclame une enquête visant jusqu'à Abdel Fattah Al-Sissi, élu triomphalement président en mai dernier après avoir éliminé toute opposition.

Le 14 août 2013, un peu plus d'un mois après que le chef de l'armée eut destitué et fait arrêter Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, le carnage perpétré par les soldats et policiers au cœur de la capitale, sur les place Rabaa Al-Adhawiya et Nahda, a initié une vague impitoyable de répression visant essentiellement les Frères musulmans, la confrérie islamiste de M. Morsi. Le gouvernement a reconnu la mort, ce jour-là, de plus de 700 manifestants.

Des partisans de Mohamed Morsi fuient la police, au Caire, le 14 août 2013.
Lire notre synthèse au moment des faits : Une dispersion qui est devenue un « bain de sang

HRW EXIGE UNE ENQUÊTE

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Dans un rapport présenté à la presse au Caire par vidéoconférence depuis l'étranger, HRW, citant plus de 200 témoins, parle de 817 morts sur la place Rabaa seule, et assure qu'il s'agit d'un « acte de répression planifié au plus haut niveau ».

L'ONG a mis en ligne une vidéo de huit minutes (en anglais), racontant le déroulé de cette journée du 14 août 2013, témoignages à l'appui. « Vers 6 heures du matin, il y a eu des tirs, qui provenaient d'un immeuble à côté, décrit Moaz Alaa, un étudiant cairote interrogé. Je me suis rendu compte que c'était des balles réelles, tirées sans avertissement  (...) Deux hommes qui se tenaient à ma gauche et à ma droite sont tombés. Je me suis retrouvé seul au milieu, j'étais choqué. Les gens autour de moi mouraient et je ne pouvais rien faire. »

Human Rights Watch accuse : il s'agissait d'« un plan qui prévoyait la mort de plusieurs milliers de personnes et qui a été élaboré au plus haut niveau ». « Sur la place Rabaa, les forces de sécurité égyptiennes ont perpétré l'une des plus grandes tueries de manifestants en une seule journée dans l'histoire récente », a asséné le directeur exécutif de HRW, Kenneth Roth.

Assurant que la plupart des responsables d'alors sont toujours au pouvoir en Egypte, HRW nomme des officiers de haut rang ainsi que des responsables politiques, dont le maréchal à la retraite Sissi, alors ministre de la défense mais surtout véritable homme fort du pouvoir. Tous « devraient faire l'objet d'une enquête », estime M. Roth.

Un partisan de Morsi dans des débris après des affrontements meurtriers au Caire le 14 août 2013.

UN RAPPORT BIAISÉ POUR LE CAIRE

Le gouvernement égyptien a condamné le rapport, critiquant « son manque d'objectivité » et affirmant que l'ONG n'avait pas de statut légal pour mener ses activités en Egypte.

« Le premier martyr » tombé lors de la dispersion des sit-in était un policier tué par balle, a assuré Le Caire dans un communiqué, ajoutant : « Le rapport ignore délibérément les centaines de martyrs parmi la police, l'armée et les civils, tombés lors de violences et d'attaques terroristes. »

Le gouvernement accuse les Frères musulmans d'être derrière les attentats visant les forces de sécurité. Mais ces derniers, perpétrés dans leur immense majorité après le drame de Rabaa, ont été revendiqués par des djihadistes assurant être liés à Al-Qaida, précisément en représailles à la mort de manifestants islamistes.

Le Monde avec AFP

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