C’est l’histoire du retour en grâce progressif d’un increvable de la politique. Après avoir été écarté du dispositif au début du quinquennat, Julien Dray reprend peu à peu du crédit au sein de la majorité. L’actuel vice-président de la région Ile-de-France a été choisi pour être tête de liste aux élections régionales dans le Val-de-Marne, en décembre, et sera l’un des piliers de la campagne. Depuis le congrès de Poitiers, il a également réintégré la direction du PS, devenant secrétaire national chargé de bâtir « l’alliance populaire » avec les autres formations de gauche, pierre angulaire de la stratégie du premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis.
A la manœuvre pour piloter son atterrissage dans le Val-de-Marne, Claude Bartolone, tête de liste PS aux régionales en Ile-de-France. Le président de l’Assemblée nationale a convaincu Luc Carvounas, le patron des socialistes dans le département et proche de Manuel Valls, de lui faire une place. Impossible, en effet, pour Julien Dray de retourner dans l’Essonne, sa terre d’élection depuis plusieurs années. Ses rapports avec les socialistes locaux sont devenus à ce point exécrables qu’il a dû chercher un autre point de chute. « Des générations ont voulu s’émanciper. (…) Une page a été tournée », explique-t-il poliment dans Le Parisien, le 15 juin. En privé, il parle plus volontiers « d’assassinat du père », pour qualifier son éviction progressive du département après une enquête pour abus de confiance, en 2009, qui s’est soldée par un rappel à la loi.
L’histoire est ancienne et pimentée
En plus du soutien de Claude Bartolone, Julien Dray bénéficie aussi de celui de Jean-Christophe Cambadélis qui lui a fait une place dans son équipe de direction au PS. « Camba »-« Juju », l’histoire est ancienne et pimentée : les deux hommes se connaissent depuis les années 1970 ; époque durant laquelle ils se livraient bataille au sein du trotskisme étudiant français. Julien Dray, alors à la Ligue communiste révolutionnaire, avait notamment disputé la direction de l’UNEF aux lambertistes de l’Organisation communiste internationaliste dirigés par Jean-Christophe Cambadélis. « On a une relation apaisée avec Cambadélis depuis une dizaine d’années, on ne va pas recommencer nos guerres d’il y a trente ans », explique M. Dray. Leur duo est brocardé par certains au PS. « Ça fait reconstitution de ligue dissoute, mais on ne refait pas le mauvais passé », lâche un ministre.
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