Franck-Elie Benzaquen, itinéraire d’un enfant surdoué

Il se destinait aux nouvelles technologies, c’est finalement dans l’univers du fitness que Frank-Elie Benzaquen a mis à profit tout son génie. À 42 ans, cet ancien polytechnicien co-dirige avec son frère, deux très belles adresses : le Ken club et le Klay. Coup de projecteur sur un quadra surdoué.

Il est des destins contrariés. Celui de Frank-Elie Benzaquen en fait partie. À 42 ans, ce « fils de » raconte volontiers qu’il se destinait « à tout sauf à cela ». Un « cela » qui cache modestement une ascension fulgurante dans un univers en plein essor. Pointer du doigt le hasard serait sans doute exagéré. Ou alors un hasard cousu de fil blanc. Il n’empêche : le Ken Club, pour lui, « c’était la chasse gardée de (ses) parents ». En aucun cas son aventure. L’histoire avec un petit h en a décidé autrement. Aujourd’hui, il est entré dans l’Histoire avec un grand H. Celle du fitness. Tout commence à l’aube des années 2000. M. et Mme Benzaquen sont face à un choix cornélien : vendre leur club haut de gamme ouvert en 1985, ou réaliser d’importants travaux de rénovation estimés à trois millions d’euros ? Plus proches de la retraite que de leurs jeunes années, ils optent pour la première alternative. C’est sans compter Arthur, fils cadet du couple. « Mon frère est venu me chercher pour me convaincre de reprendre avec lui l’affaire familiale. Je me souviens de son discours comme si c’était hier : secteur prometteur, industrie d’avenir, club jouissant déjà d’une belle renommée, base de données très fournie… », énumère Frank-Elie dans un éclat de rire. Alléchants, ces arguments laissent pourtant de marbre l’aîné des Benzaquen. Il faut dire qu’à cette époque, il n’a que 32 ans, et surtout un avenir professionnel tout tracé dans le domaine des nouvelles technologies. « Après Polytechnique, j’ai travaillé dans un prestigieux cabinet de conseil en stratégie (Mars and Co, ndla), puis lancé un incubateur Internet financé par Vivendi. J’étais très loin de cet univers ! » Loin de cet univers, c’est vite dit ! S’il est vrai qu’il a toujours boudé les salles de cette très belle adresse au profit des cours de tennis et terrains de football environnants, le jeune homme a tout de même informatisé le Ken Club durant ses études à l’X (en 1993 très exactement). « J’ai baigné dans le fitness depuis mes 13 ans. Mon frère a réussi à trouver les arguments, et ma connaissance du milieu a, je pense, fait le reste. Néanmoins, ce qui a le plus pesé dans la balance, c’est l’envie de travailler en famille. »

Le grand saut

Une fois le « oui » (tant attendu) de Frank-Elie prononcé, les choses s’enchaînent très vite : les deux frères établissent un business plan, rencontrent des investisseurs, et démarchent les banques. « Beaucoup de proches et de gens de notre entourage ont parié sur nous en mettant de l’argent sur la table », se souvient ce quadra avec reconnaissance. Il faut finalement peu de temps aux deux frères pour réunir la somme nécessaire et débuter les travaux. Ils dureront un an. Pendant ce temps, les adhérents ont le choix : obtenir le remboursement du solde de leur abonnement ou un report dans le nouveau club avec en prime deux mois offerts. « Pour ne pas perdre trop de clients dans la bataille, nous avons négocié des partenariats avec le Club Med Gym, le Royal Monceau et le Racing Club », révèle Frank-Elie. La stratégie s’avère très efficace. Lorsque le Ken Club version 2 ouvre une année plus tard – nous sommes alors en 2002 –, 600 des anciens adhérents poussent les portes de cet établissement de 1700 m2. « Il ne nous en manquait plus que 400 pour atteindre notre seuil maximal fixé à 1000 personnes », ajoute-t-il. En clair, le succès est au rendez-vous ! Il faut dire que les deux frangins ont vu grand, et, surtout, ils ont travaillé le concept d’arrache-pied. « Nous avons eu envie d’offrir à nos clients autre chose qu’un établissement dédié simplement au sport. Ce dont ils avaient besoin, c’était d’un véritable lieu de vie. Pour l’époque, c’était très novateur. » Fort de cette idée, le club se dote d’un restaurant, d’une terrasse et d’un solarium en plus des nombreux aménagements dédiés au bien-être.

Parmi ceux-ci, un Spa composé de cinq cabines de soin et de deux très grands hammams avec salles de gommage, et de deux piscines dont une à jets. « Nous avons, en outre, poussé jusqu’au bout la logique de prestation de services avec des offres dignes d’un d’hôtel cinq étoiles ! », commente-t-il. Déjà habitués aux serviettes et peignoirs en libre-service, les adhérents voient leur vestiaire se remplir de produits de soin et de courtoisie. Le service voiturier est, quant à lui, évidemment maintenu. Côté équipement, Arthur et Franck-Elie veulent le top du top. Parce que rien n’est trop beau pour leurs clients, ils s’envolent pour Las Vegas et n’en reviennent qu’après avoir trouvé des stèles permettant d’insérer des écrans sur les machines cardio ! Douze ans plus tard, chaque appareil est doté d’un écran LCD avec 30 chaînes TV, un accès Internet, un port USB et un plug iPod. Ils passent également un partenariat avec Technogym pour bénéficier des derniers équipements de la marque en avant-première. « Quand on vise le haut de gamme, on ne peut jamais se reposer sur ses lauriers, précise cet ancien ingénieur. Il faut constamment innover, proposer des services supplémentaires, apporter des innovations… » Dernière en date : un mur végétal de Patrick Blanc. Rassurés sur leur capacité à gérer un centre de remise en forme hyperluxueux, les deux frères décident d’aller voir ailleurs s’ils y sont. Au Klay par exemple !

Du Ken Club au Klay

« Pour Arthur et moi, il a toujours été clair que le Ken Club n’était qu’un début », raconte l’aîné de la fratrie. S’appuyant sur leurs compétences respectives (Arthur a plus la fibre marketing et commerciale, alors que Frank-Elie possède des qualités de gestionnaire), ces deux brutes de travail ouvrent le Klay en 2009. « Nous n’avons pas voulu dupliquer le Ken Club pour une raison très simple : le 2e arrondissement de Paris n’est pas le 16e ! Le pouvoir d’achat des gens qui travaillent ou habitent ce quartier n’est pas aussi élevé. En outre, l’architecture de cette ancienne bâtisse du 19e siècle n’avait rien à voir avec notre premier établissement. Nous avons voulu garder son identité très “factory” », justifie-t-il. Il n’empêche : les futurs clients ne sont pas dupes ! Le Klay a beau ne pas être le Ken Club, ils ne s’y trompent pas et affluent en masse lors de l’ouverture. L’établissement atteint en quelques mois son seuil maximal, soit 2200 adhérents. Un succès très rapide qui contraint les deux jeunes businessmen à ouvrir une liste d’attente.

« Nous avons bénéficié d’une excellente couverture médiatique doublée d’un incroyable bouche-à-oreille 2.0. Notre post sur Facebook a buzzé et a été relayé à une vitesse grand V ! » relate Frank-Elie Benzaquen, enjoué. La différence avec le Ken Club ? « La densité, tout simplement, répond-il du tac au tac. Il y a davantage d’adhérents au mètre carré, mais les prestations et les équipements sont très similaires. » Le Klay a, en effet, lui aussi été conçu comme un lieu de vie autour duquel s’articulent cabines de soin, hammam, piscine, et, bien sûr, une multitude de services à volonté. «Bien qu’il y ait un peu plus de monde, nous avons dimensionné notre capacité d’accueil de telle sorte que personne n’attende devant une machine ou n’ait besoin de réserver son cours à l’avance, sauf exception », rassure-t-il.

klay

Jamais deux sans trois ?

Et un. Et deux. Et trois succès ? Sur ce point Frank-Elie préfère rester discret. La seule information qu’il consent à donner est : « Non, nous ne comptons pas nous arrêter là… mais il est encore un peu tôt pour évoquer l’avenir. » Un avenir qui, si tout se passe comme prévu, prendra la forme de deux nouveaux clubs dans les trois à quatre prochaines années. Le créneau ? Du haut de gamme évidemment ! « Nous misons sur deux très belles adresses parisiennes. Pour l’une, nous avons obtenu le permis de construire, mais nous attendons que tous les recours soient purgés avant de sabrer le champagne, et, pour l’autre, nous venons d’acheter les murs, mais n’avons pas encore déposé de permis », révèle-t-il à demi-mot. Si les deux projets aboutissent, l’un devrait se rapprocher du Ken Club et l’autre du Klay. Une bonne manière de ne pas faire de jaloux ? « Non, s’amuse cet ancien polytechnicien, chaque lieu à un ADN propre, mais il s’avère que l’un est plus proche du Ken et l’autre nous rappelle davantage le Klay. » Il est en revanche peu probable – pour ne pas dire exclu – que les deux frères Benzaquen se positionnent un jour sur le low cost. Rien à voir avec un quelconque mépris de leur part. Bien au contraire. « Nous ne nous interdisons pas de faire un jour du moyen voire de l’entrée de gamme dans des quartiers qui le justifieraient, mais ça ne sera jamais au détriment de la qualité. Si nous devons faire baisser les prix, nous jouerons sur la densité, certainement pas sur les prestations de services ni sur la décoration. Concernant le low cost, je pense tout simplement que nous ne sommes pas les bons acteurs pour proposer une offre pertinente. » Une chose est sûre : Frank-Elie se réjouit de voir ces acteurs investir le fitness car « il faut une offre pour chaque budget ».
En outre, ils contribuent à faire rentrer un public nouveau dans les salles. « Jusqu’à présent, le fitness était encore très peu développé en France. En cause, un secteur associatif très développé et des compétences jusqu’alors insuffisantes. C’est en train de changer, d’abord parce que le milieu se professionnalise, et, ensuite, parce que s’occuper de soi est devenu très tendance. Mais ce n’est qu’un début. Je crois à une évolution très forte dans les années à venir », anticipe ce stratège, avant de conclure : « Une offre de qualité contribue à développer le marché. Certainement pas à voler des clients aux clubs installés ! » Une belle philosophie pour achever un bien joli portrait.

Le Klay
Le Klay loge dans une ancienne bâtisse du 19e siècle de 2 000 m2 située en plein cœur du quartier montorgueil. Il est ouvert du lundi au vendredi de 7 heures à 23 h 30, et les samedis et dimanches de 8 heures à 20 heures.

Adhésion
> carte membre individuel : 1 700 €
> abonnement par prélèvement mensuel individuel : 155 €/mois
(engagement minimum de 12 mois)
Plus d’infos sur : www.klay.fr

Ken club
Le Ken club est un espace de 1 700 m2 consacré à la remise en forme, à la détente et au bien-être. Situé en bord de Seine, entre le trocadéro et la maison de la radio, ce lieu privilégié, unique à Paris, accueille ses adhérents tous les jours de l’année. Il est ouvert du lundi au jeudi de 7 heures à minuit, le vendredi de 7 heures à 22 heures, et les samedis et dimanches de 8 h 30 à 20 h 30.

Adhésion

carte cotisation annuelle droits d’entrée
carte membre individuel 3 300 € 1 000 €
carte membre couple 6 600 € 1 500 €
carte membre privilège 7 100 € 1 000 €
 journée forme 290 €

Plus d’infos sur : www.kenclub.com

Sandra Franrenet

ken