Remaniement

Qui est Audrey Azoulay, remplaçante surprise de Fleur Pellerin ?

Le gouvernement Valls 3dossier
Ancienne conseillère culture de l'Elysée, cette inconnue du grand public, au profil orienté cinéma et médias, succède à une ministre controversée au sein du secteur culturel.
par Julien Gester
publié le 11 février 2016 à 19h52
(mis à jour le 11 février 2016 à 22h32)

L'éjection de Fleur Pellerin de son siège a pris de court jusqu'au cœur de son ministère, où nul ne semblait anticiper de grandes manœuvres encore jeudi matin, et ce malgré l'hostilité qu'elle s'était attirée dans les milieux de la création artistique, tant par son inclination à préférer au mot «œuvre» celui de «contenu» que par sa franchise quant à son déficit de pratique culturelle – l'amusant Modiano-gate. Sa gestion, jugée calamiteuse en interne, des dysfonctionnements de l'audiovisuel public, de Radio France à l'affaire Agnès Saal, ont également pu peser contre elle. Sa remplaçante, Audrey Azoulay, aurait été la première surprise, appelée seulement l'après-midi de sa nomination après la séance des questions au gouvernement.

Fille du conseiller du roi du Maroc André Azoulay, elle présente, à 43 ans, un profil à la croisée des deux ministres de la Culture du mandat Hollande, réputée plus familière des logiques du secteur que Pellerin, dont elle fut la camarade de promotion à l'ENA, et plus technicienne qu'Aurélie Filippetti, avec un tropisme pour les questions de cinéma et des médias. Passée par la Cour des comptes et la Direction du développement des médias avant de prendre du galon au CNC (Centre national de la cinématographie), elle avait été nommée conseillère culture et communication de l'Elysée en septembre 2014 – repérée, dit-on, par François Hollande lui-même lors d'un voyage présidentiel au Mexique. Cette promotion d'une figure de haut fonctionnaire proche de la présidence et guère identifiée du public évoque forcément, non sans grincements, celle d'Emmanuel Macron lors du précédent remaniement. Elle suscite des réactions circonspectes au sein de son futur ministère, où sa personnalité est pourtant appréciée («Elle a été la conseillère culture d'un Elysée qui ne s'est engagé dans aucune politique culturelle», souffle-t-on rue de Valois), comme du côté des organisations syndicales.

Denis Gravouil, secrétaire général de la Fédération nationale CGT des syndicats du spectacle, de l'audiovisuel et de l'action culturelle (FNSAC) s'étonne en effet de voir «Hollande déjuger Fleur Pellerin en plein milieu du débat au Sénat sur la loi "création, architecture, patrimoine" et juste avant la négociation du régime de l'intermittence».«C'est montrer, dit-il, le peu de cas que fait le président de ces questions ! Audrey Azoulay était dans la boucle de surveillance du dossier mais pas en première ligne, moins que les conseillers sociaux ou Matignon». Plusieurs figures du milieu du cinéma ont en revanche salué sa nomination, vantant son intelligence des affaires en cours. Outre ces imposants dossiers, un autre chantier se présente pressément à la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication : la création d'un véritable compte Twitter officiel, après que quelque plaisantin s'en est chargé pour elle.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus