Cellebrite, la start-up qui fait parler les smartphones
La société d'origine israélienne fait référence auprès des experts de l'investigation.
Par Nathalie Hamou
Les enquêteurs chargés de faire la lumière sur les attentats auront-ils recours à « la mallette magique » de Cellebrite ? Les gendarmeries du monde entier ont donné ce surnom à l'équipement - une valise contenant un petit ordinateur - de cette société d'origine israélienne, leader mondial de l'investigation sur les téléphones portables. Une start-up dont la solution (Ufed pour « universal forensic extraction device »), qui est en mesure de « faire parler » près de 16.000 terminaux mobiles (smartphones, tablettes, GPS...), est considérée comme un standard par les experts de l'investigation, Interpol en tête.
« Il y a dix ans, 90 % de la recherche de traces numériques se concentrait sur les PC. Aujourd'hui, le smartphone est devenu le principal terrain de chasse des enquêteurs. D'où le succès de Cellebrite, qui a développé un outil permettant d'extraire, d'analyser ou de restaurer tous types de données, y compris les messages qui auraient été effacés », explique Michel Berdah, directeur commercial pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique.
Fondée en 1999 à Petah Tikva, en banlieue de Tel-Aviv, par Yossi Carmil (passé par chez Siemens) et l'ingénieur informatique Ron Serber, la société, présente au salon Milipol de la sécurité intérieure des Etats qui ouvre ses portes à Paris ce mardi, a démarré son activité dans le diagnostic de téléphones en boutique, avant de prendre le virage de l'investigation sur mobile, une activité qui a crû de 25 à 30 % au cours des trois dernières années. Présente dans 110 pays, l'entreprise, dont le chiffre d'affaires avoisine les 100 millions de dollars, a déployé plus de 35.000 de ses dispositifs Ufed à travers le monde.
Rétroconception
Passé en 2007 dans le giron du groupe japonais Sun Corporation, Cellebrite, qui compte près de 500 salariés, reste à la pointe grâce à son centre de R&D israélien, qui concentre la moitié des effectifs. « Israël possède un important réservoir de spécialistes en cryptage de données et autres experts en rétroconception [étude d'un objet pour en déterminer le fonctionnement ou la méthode de fabrication, Ndlr], mais l'on emploie aussi des gens qui viennent du monde de la police et de l'armée », précise Michel Berdah.
« Le marché du mobile, comme celui des "apps", est hyper-évolutif; seul un acteur de niche pouvait creuser l'écart dans l'investigation numérique. Quand Snapchat est arrivé, c'était la panique générale. Nous avons été les premiers à offrir aux enquêteurs une solution pour récupérer les informations », souligne Michel Berdah. L'offre de Cellebrite s'est récemment élargie à l'analyse de données - y compris photographiques, optimisée par la reconnaissance faciale - et au « cloud computing ».
Correspondante à Tel-Aviv Nathalie Hamou