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Fusillade de Munich : ce que l’on sait sur les motivations du tireur

Le jeune Germano-Iranien de 18 ans préparait son geste « depuis un an » mais n’a pas choisi spécifiquement ses victimes. La fusillade, vendredi, a fait 9 morts et 35 blessés.

Le Monde avec AP et AFP

Publié le 24 juillet 2016 à 16h06, modifié le 25 juillet 2016 à 18h04

Temps de Lecture 5 min.

Thomas de Maiziere, le ministre de l’intérieur allemand, le 23 juillet à Munich.

Le profil du jeune tireur de Munich se précise. David Ali Sonboli, l’auteur de la fusillade qui a fait neuf morts et trente-cinq blessés, vendredi 22 juillet, avait préparé son geste « depuis un an », ont annoncé dimanche 24 juillet les autorités locales.

Le jeune Germano-Iranien de 18 ans, qui a piégé ses victimes sur Facebook, « a planifié son geste depuis l’été 2015 », mais il n’a pas choisi spécifiquement ses victimes, a déclaré Robert Heimberger, le chef de la police bavaroise, lors d’une conférence de presse.

Un adolescent afghan de 16 ans, ami du tueur soupçonné d’avoir été au courant de ses intentions sans le dénoncer, a été interpellé. « Nous avons le soupçon que ce garçon de 16 ans a pu être au courant de l’acte » qui se préparait avant qu’il ne soit commis, a indiqué la police dans un communiqué. L’adolescent s’était « présenté spontanément à la police peu après la crise de folie meurtrière et a été interrogé sur ses relations avec l’auteur ». Mais des vérifications effectuées entre-temps « ont mis au jour des contradictions dans ses déclarations » et conduit à son placement en garde à vue pour « non-dénonciation d’un crime ».

Le jeune Afghan de 16 ans avait en effet effacé une conversation en ligne sur Whatsapp qu’il avait eue avec le tireur. Mais les enquêteurs ont réussi à la faire réapparaître. Ils ont ainsi découvert que les deux amis « étaient encore ensemble » juste avant le passage à l’acte du tireur germano-iranien, aux environs du lieu de la fusillade, a expliqué le procureur Thomas Steinkraus-Koch lors d’une conférence de presse lundi.

Cette rencontre a eu lieu alors que le forcené était déjà en possession de son arme. De ce fait « il y a, selon nous, la possibilité, que le prévenu pourrait avoir été au courant de quelque chose », a ajouté le procureur.

Le jeune homme a toutefois été relâché lundi en fin de journée.

Les parents du tireur sont toujours en état de choc et n’ont pas encore pu être interrogés par la police.

Fasciné par un jeune tueur allemand

Outre la fascination qu’il avait pour Anders Behring Breivik, auteur du massacre de 77 personnes en Norvège il y a cinq ans, la police estime que le tireur a été influencé par une précédente crise de folie meurtrière en Allemagne. A Winnenden, dans le sud-ouest du pays, en mars 2009, un jeune homme de 17 ans avait tué quinze personnes dans son ancien collège, avant de se suicider.

« Les premières observations aboutissent à la conclusion qu’il s’est intéressé à cet acte » en allant visiter la ville et y prendre des photos il y a un an « et qu’il a planifié ensuite son propre acte » de tuerie, a précisé le chef de la police. Les photos, datées, ont été retrouvées sur son appareil photo. C’est ce qui permet aux enquêteurs de parler de préparatifs ayant duré une année.

Dans un entretien donné à l’agence Associated Press, samedi, Peter Langman, l’auteur de Fou dans la tête : pourquoi les écoliers tuent, explique que « les jeunes tueurs de masse en particulier, âgés d’une vingtaine d’années, étudient souvent d’autres tueurs et trouvent un modèle. Ce n’est pas ce qu’on observe avec les tueurs plus âgés. » Le livre de Peter Langman, un psychologue américain, a justement été retrouvé, traduit en allemand, au domicile de David Ali Sonboli.

« Rien contre les étrangers »

D’après l’enquête, l’auteur de la fusillade de vendredi à Munich n’a toutefois pas ciblé spécifiquement ses victimes aux abords du centre commercial, a précisé le procureur de Munich, Thomas Steinkraus-Koch, durant cette conférence de presse.

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« Il n’y a ici rien contre les étrangers », contrairement à ce qu’avaient envisagé plusieurs médias du fait de l’origine étrangère de nombreuses victimes, a déclaré M. Steinkraus-Koch.

Le chef de la police a précisé que le quartier où a eu lieu la fusillade et l’établissement de restauration rapide étaient fréquentés surtout par des étrangers ou des Allemands d’origine immigrée, ce qui explique la présence de beaucoup d’entre eux parmi les victimes. Sept ressortissants étrangers – trois Kosovars, trois Turcs et un Grec – font partie des neuf personnes tuées.

Piège tendu sur Facebook

Si le tireur n’a pas choisi spécifiquement ses victimes, il avait toutefois créé un faux compte Facebook en mai, reprenant des photos et des données d’un compte existant, afin d’attirer des gens vers l’établissement de restauration rapide MacDonald où il a commencé à tirer, selon le chef de la police. Ce dernier revenait ainsi sur de précédentes informations de la police selon lesquelles il s’agissait d’un « piratage » de compte existant.

Toutefois, rien ne permet de dire en l’état si les victimes se trouvaient ou non sur place après avoir répondu à l’invitation sur Facebook, où il promettait d’offrir repas et boissons. Les noms des victimes ne figuraient pas parmi les personnes ayant laissé des messages sur le faux compte Facebook.

Victime de harcèlement

Né à Munich de parents ayant émigré en Allemagne à la fin des années 1990, le jeune homme, qui fréquentait un collège à vocation professionnelle, avait fait l’objet de harcèlement de la part d’autres jeunes. La police a précisé avoir ouvert en particulier une procédure en 2012 contre trois jeunes, tout en soulignant que ces derniers ne comptaient pas parmi les victimes de la fusillade.

« Est-ce que cela a été un facteur ou pas, on ne le sait pas », a commenté M. Langman. « Le harcèlement est moins significatif que les gens veulent bien le croire. Pas que ce ne soit jamais un facteur mais dans mes recherches, ce n’est pas le facteur central qui est souvent imaginé », a-t-il ajouté, plaidant plutôt pour « la combinaison de facteurs multiples ».

D’après les documents médicaux retrouvés dans sa chambre, le jeune homme souffrait d’une « phobie sociale », « ce qui signifie qu’il était atteint d’anxiété en présence d’autres personnes », a précisé le procureur. Ses problèmes psychologiques l’ont conduit à un séjour de deux mois dans une unité psychiatrique en 2015, avant qu’il commence un traitement ambulatoire. Les enquêteurs ont retrouvé des médicaments liés au traitement dans sa chambre mais ne savent pas s’il les prenait.

Une arme achetée sur le « dark net »

Les éléments retrouvés au domicile de l’agresseur montrent qu’il jouait souvent à des jeux vidéo violents et avait acheté son arme, un pistolet Glock 17, sur le « dark net », une partie d’Internet accessible seulement avec des logiciels particuliers, a déclaré Robert Heimberger, président du bureau d’enquête criminelle du Land de Bavière.

« Nous devons continuer de faire tout ce que nous pouvons pour limiter et contrôler strictement l’accès à des armes létales », a estimé le ministre de l’économie et vice-chancelier, le social-démocrate (SPD) Sigmar Gabriel, au groupe de média allemand Funke Mediengruppe. Il s’agit d’une « question importante ».

Interrogé par Bild am Sonntag, le ministre allemand de l’intérieur, Thomas de Maizière, a annoncé qu’il prévoyait de réexaminer les lois encadrant la vente d’armes après la fusillade. « Nous devons évaluer avec beaucoup d’attention si des changements législatifs sont nécessaires, et dans quel domaine », a-t-il dit.

Le Monde avec AP et AFP

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