Les discussions autour de la relance de la Fondation pour l’islam de France – créée en 2005 sous le nom de Fondation des œuvres de l’islam de France (FOIF) – ont de nouveau suscité la polémique depuis que le président de la République, François Hollande, a formulé le souhait, mardi 2 août, de voir l’ancien ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement en prendre la tête.
Après l’attentat de Nice, le 14 juillet, et celui de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet, l’exécutif avait fait part de sa volonté de faire revivre la FOIF), aujourd’hui paralysée par des dissensions internes. Cette institution devrait être notamment chargée de contrôler le financement de la construction des lieux de culte musulmans.
« Pas de Français de confession musulmane à la hauteur ? »
Les critiques quant à l’arrivée possible de Jean-Pierre Chevènement, 77 ans, à la tête de la FOIF, ont surgi au sein même du gouvernement. Interrogée sur France Info, mercredi, la ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, a esquissé un portrait du dirigeant idéal de cette instance :
« Le bon profil, c’est d’abord quelqu’un de culture musulmane, qui ait une connaissance de la subtilité humaine de l’islam, quelqu’un de laïc, et peut-être le meilleur profil, ce serait une femme également. »
M. Chevènement « ne répond pas au troisième critère que je viens d’évoquer, c’est-à-dire le fait d’être une femme », a continué la ministre.
La sénatrice centriste Nathalie Goulet (Orne), auteure d’un rapport sur l’organisation et le financement de l’islam en France, a aussi contesté ce choix. « Il n’y a pas de Français de confession musulmane à la hauteur ? », a-t-elle demandé sur Twitter.
Marwan Muhammad, ancien porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), s’est lui aussi fendu d’un tweet dans lequel il ironise sur le gouvernement qui « organise l’islam de France avec ses potes ».
« Une tâche difficile mais d’une importance très grande »
M. Chevènement a réagi, mercredi, en soulignant que prendre la tête de la Fondation est une « tâche difficile mais d’une importance très grande du point de vue de l’intérêt national » :
« On ne peut pas refuser d’apporter sa contribution à cette tâche. Il y a quatre millions de musulmans en France, pour la plupart français, il faut qu’ils soient citoyens avec les droits que cela comporte, notamment la liberté de culte, et aussi bien entendu les devoirs. »
L’ancien ministre a ajouté qu’il communiquerait sa position officielle à la rentrée. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement et ministre de l’agriculture, a de son côté défendu, mercredi, la candidature du fondateur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) lors du compte-rendu du conseil des ministres. M. Le Foll a argué du « besoin d’une personnalité qui puisse être un médiateur fort, ferme sur les grands principes de la laïcité et ouvert à ce que les cultes [vivent] leur exercice au sein de la République ».
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