Attaque du Thalys : ce que révèlent les aveux d'Ayoub El Khazzani
Je m’abonne pour 1€/semaineLe djihadiste qui avait attaqué un Thalys en août 2015 est passé aux aveux devant les juges. Des déclarations riches d'enseignements.
Pour la première fois, il a décidé de parler. Depuis l'attentat raté dans un Thalys en août 2015, Ayoub El Khazzani gardait le silence. Entendu pendant plus de cinq heures devant un juge d'instruction antiterroriste mercredi 14 décembre, le Marocain de 27 ans a cette fois reconnu son implication dans l'attaque djihadiste.
Il est aussi revenu sur son parcours, jusqu'à cette journée du 21 août 2015 lorsque, muni d'une kalachnikov, de huit chargeurs pleins et d'un pistolet, il a ouvert le feu dans un Thalys Amsterdam-Paris, peu après son entrée en France, dans le Pas-de-Calais. Il avait grièvement blessé un passager avant l'intervention de militaires américains en vacances qui l'avaient maîtrisé, mettant ainsi en échec un potentiel carnage, sept mois après les attentats contre l'Hyper Cacher, à Montrouge et contre "Charlie Hebdo".
Il est l’un des seuls terroristes liés à la cellule des attentats de Paris à s’être montré aussi prolixe sur l’élaboration de son projet : des déclarations riches d'enseignements auxquelles "Le Monde" a eu accès.
Attaque du Thalys : qui est Ayoub El Khazzani ?
Séjour en Syrie
Ayoub El Khazzani dit avoir rejoint la Syrie en mai 2015 : "J’étais parti pour lutter contre les massacres faits par les chiites, mais en arrivant en Syrie il s’est passé autre chose que je n’avais pas prévue." Quelques jours après son arrivée, il dit avoir aperçu un bâtiment "détruit" en sortant d’un camp d’entraînement :
"Le frère syrien qui nous encadrait m’a dit que c’étaient les Américains qui avaient bombardé. Il m’a dit que ce bâtiment était une mosquée. Ça m’a fait un choc, ça m’a révolté, ça m’a détruit de l’intérieur."
Le jour même, un homme encagoulé vient le voir. "Je lui ai dit que j’étais prêt à mourir, qu’il devait me considérer comme un objet et qu’il pouvait faire de moi ce qu’il voulait. Il m’a dit (…) que le mieux était d’aller combattre (les Améraicains, NDLR) sur leur propre territoire."
Après quatre jours de formation express au maniement de la kalachnikov, il est reconduit à la frontière turque muni de deux numéros de téléphone à contacter, un belge et un syrien.
Ayoub El Khazzani : des petites magouilles à l'attaque du Thalys
La route des migrants avec Abaaoud
Selon le témoignage du djihadiste, la décision de l’Etat islamique d’emprunter la route des migrants pour entrer en Europe a été inaugurée par El Khazzani-lui-même et Abaaoud. Cette technique d’infiltration sera ensuite employée par la quasi-totalité des kamikazes de Paris.
Il tente plusieurs fois de prendre l'avion pour pénétrer dans l’espace Schengen, mais se fait refouler faute de passeport complet et reste bloqué en Turquie. Son contact en Syrie finit par le rappeler : "Il m’a dit qu’un frère allait venir vers moi en Turquie, nommé Hamza. (…) Il m’a dit qu’il fallait que j’attende l’ouverture des routes des réfugiés." "Hamza", identifié comme étant Bilal Chatra, un Algérien de 20 ans, a été interpellé en Allemagne en juillet 2016.
Un "frère", Abou Omar, va le rejoindre pour "faire la route" avec lui. Il s’agit d’Abdelhamid Abaaoud, l’homme qui coordonnera les attentats de Paris. El Khazzani et Abaaoud rejoignent ensemble la Hongrie, où ils sont localisés le 1er août, en suivant le flux de migrants. Abaaoud se rend ensuite en voiture en Autriche le 4 août, pendant que son compagnon de voyage rejoint Hamza en Autriche, avant de gagner l’Allemagne. Un complice, qu’El Khazzani n’a pas voulu identifier durant l’audition, vient ensuite les chercher en voiture pour les emmener en Belgique. Ils y retrouvent Abdelhamid Abaaoud.
Il y a quelques semaines, une note des services de renseignement hongrois, révélée par le Centre d'analyse du terrorisme (CAT), avait précisé les liens entre le tireur présumé et Abdelhamid Abaaoud, déjà mis en lumière par les enquêteurs français.
Bruxelles
"On est resté un certain temps dans l’appartement avec Hamza et Abou Omar. Nous n’avions pas le droit de sortir, nous étions ravitaillés par des frères. C’est moi qui faisais la cuisine, se souvient El Khazzani. Un jour, Abou Omar, qui avait des contacts avec la Syrie, nous a dit qu’il avait reçu un ordre du pays du Sham [la Syrie], à savoir qu’Hamza et moi devions nous préparer psychologiquement à faire une opération. "
"Hamza" se serait alors enfui. "Abou Omar a quitté l’appartement de peur d’être dénoncé par Hamza. (…) Les jours suivants, Abou Omar passait à l’appartement, parfois y dormait. Il me disait de rester là, j’ai l’impression qu’il n’avait pas confiance en moi, il ne me racontait rien. Je m’en fichais de son comportement. J’avais mon objectif et j’attendais mes consignes."
Un "vrai djihadiste" qui ciblait des Américains
"Je suis un vrai djihadiste, mais on ne massacre pas les femmes et les enfants, a expliqué Ayoub El Khazzani devant le juge. Je ne suis pas un massacreur. Je suis un noble combattant. Je suis un soldat."
Pour preuve, le djihadiste a déclaré qu'il comptait s'en prendre non à des passagers au hasard, mais à "des Américains" lorsqu'il a attaqué le Thalys, pour venger les bombardements en Syrie. Des affirmations à prendre avec des pincettes étant donné l’arsenal retrouvé sur lui, souligne le quotidien.
Quelques jours avant l’attaque du Thalys, Abdelhamid Abaaoud lui expose les détails de sa mission : "Il m’a dit que la cible était dans le Thalys, où je devais attaquer des Américains. (…) Abou Omar m’a expliqué qu’il fallait que je prenne un billet pour la première classe dans le wagon 11 ou 12, je ne me souviens plus, dans le Thalys de 17 heures (…) Abou Omar m’a dit qu’il y aurait entre trois et cinq militaires."
Ceux-là même qui ont neutralisé Ayoub El Khazzani et l'ont empêché de nuire. Un élément qui intrigue les enquêteurs : comment Abaaoud a-t-il su que ces militaires américains seraient présents ce jour-là à bord de la voiture 12 du Thalys 9364 ?
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