Les contre-vérités de Daniel Schneidermann sur Panamza
Enfumage. Suite à l'article de Panamza exposant la censure idéologique exercée par le site Arrêt sur Images à son encontre, Daniel Schneidermman a rapidement rétorqué en publiant un billet truffé d'approximations et de contre-vérités. Démonstration.
Être journaliste, c’est ne croire rien ni personne, savoir que tous mentent, qu’il faut tout vérifier en permanence.
Daniel Schneidermann, Du journalisme après Bourdieu, 1999
Dix heures: c'est le temps-express qu'il aura fallu à Daniel Schneidermann, directeur du site Arrêt sur Images, pour mettre en ligne sa réponse, sarcastique et condescendante, aux révélations embarrassantes de Panamza à propos du sionisme radical de son rédacteur en chef et, plus grave encore, de la censure -politiquement motivée- d'un article favorable à ma personne. Là encore, le sujet qui aurait dissuadé l'équipe du site a été formulé explicitement: la thèse -défendue par l'auteur de ces lignes- d'une connexion israélienne dans les évènements du 11-septembre.
Une fois n'est pas coutume, Panamza vous propose de décrypter, passage après passage, les méthodes douteuses de Daniel Schneidermann, censé être un journaliste professionnel depuis 1979.
Je découvre que cette blague, passée inaperçue sur le moment, a en fait été repérée dans le discours de Hollande par un site que je ne connaissais pas, Panamza. Tiens, un nouveau venu dans le petit manège ! Qui sont-ils, à quoi ressemblent-ils ? Je demande à Gilles Klein d'enquêter sur ce site, et sur son animateur.
Schneidermann cultive d'entrée de jeu le flou artistique: il n'a pas "découvert" lui-même l'origine de la blague de Hollande dans le sens qu'il sous-entend. Le 23 décembre, via Twitter, j'ai moi-même informé le site Arrêt sur Images et son journaliste Gilles Klein (au lendemain de son article sur l'affaire) de l'origine de l'info relative à la plaisanterie qui a offusqué l'Algérie.
Gilles a appelé Hamza (c'est la fameuse conversation enregistrée par ce dernier, et dont il poste un extrait sur son site).
C'est faux: Gilles Klein m'a communiqué par mail son téléphone portable ainsi que celui d'ASI et je l'ai appelé. Ce détail, comme nous le verrons ensuite, a son importance.
Il a cherché sur la toile. RAS. Tout de même, ce RAS me parait bizarre. Une sorte de flair de vieux chien truffier me glisse qu'il y a davantage à trouver. Il est très rare que l'on s'intéresse à tout ce qui touche de près ou de loin au Proche-Orient, que l'on fonde un site consacré au sujet, sans avoir quelques accointances, quelques tropismes, quelques sympathies pour l'un ou l'autre des camps en présence.
En maugréant -faut tout faire soi-même!- je cherche à mon tour. Et je tombe sur ce livre, que vient de publier ledit Hicham Hamza, et selon lequel le Mossad est mouillé jusqu'au cou dans les attentats du 11 septembre.
Quiconque cherche mon nom sur Google tombera aussitôt sur mon blog et sur la mention relative à mon livre. Dès lors, de deux choses l'une: soit Gilles Klein n'a pas été spécialement embarrassé à ce sujet (d'autant que l'objet de notre échange portait spécifiquement sur la blague de Hollande en Algérie) soit il débute en journalisme web (ce qui est peu probable). Remarquons à quel point ici Schneidermann se donne le beau rôle en affirmant avoir soi-disant "cherché" ce qui prend normalement un clic à être trouvé.
Je demande à Gilles de le rappeler, de le faire parler de son livre, et de lui demander pourquoi il ne l'a pas mentionné lors de leur première conversation téléphonique. Mais Hamza ne répond plus.
C'est faux: non seulement Gilles Klein ne m'a pas rappelé mais il ne pouvait guère le faire, n'ayant jamais eu mon numéro personnel. Quand j'ai constaté que son article n'était pas paru, je lui en ais demandé les motifs par mail. Sa réponse ne comporta aucune allusion à un quelconque "rappel". Schneidermann laisse entendre que j'aurais sciemment caché l'existence de mon livre (alors que la discussion portait sur un sujet d'actualité sans rapport avec l'objet de mon ouvrage) et prétend que j'aurais décidé, en quelque sorte, de "ne plus répondre" à leurs sollicitations, évitant ainsi tout éclarcissement supplémentaire. Cette affirmation est mensongère.
L'enquête étant donc gravement incomplète, je décide de trapper l'article (et je décide tout seul. C'est le week-end, et le week-end, l'équipe fume le cigare, boit du whisky, et fait crisser les pneus de ses voitures sur le gravier).
C'est curieux: Gilles Klein et moi, nous nous sommes parlés le lundi 23 décembre. Son papier était déjà en cours de rédaction et devait être publié dans les heures ou les jours suivants. En prétendant que c'était "le week-end", Schneidermann laisse entendre que c'est lui, et non David Médioni (rédacteur en chef du site), qui aurait décidé de "trapper" le papier. Il est peu probable que Klein ait eu besoin de 5 jours supplémentaires pour terminer un article déjà entamé et relatif à un sujet qui l'emballait au téléphone. Précision importante: par "nouveau patron du site", qualificatif que j'ai employé à propos de Médioni, je n'ai fait qu'exprimer une réalité dans l'organisation de la rédaction d'Arrêt sur Images. Schneidermann se concentre surtout sur les émissions qu'il anime tandis que les papiers publiés par le site sont directement validés par le rédacteur en chef officiel: David Médioni. En prétendant avoir trappé lui-même le papier de Klein, Schneidermann tente de dédouaner Médioni de cette censure manifeste. Mais, dans les deux cas, une chose est sûre: Schneidermann affirme, noir sur blanc, que l'article de Klein a été refusé en raison de mon livre sur la connexion israélienne du 11-Septembre. Un livre, précisons-le ici, que Schneidermann n'a pas lu.
J'ajoute que ce passage à la trappe ne me coûte pas trop. Cette blague de Hollande -qui peut d'ailleurs prêter à plusieurs interprétations- n'était pas non plus l'affaire du siècle.
C'est intéressant: une blague qui a provoqué un incident diplomatique entre deux pays alliés est relativisée ici par Schneidermann. Et l'origine de cette affaire ne lui importerait finalement pas. Remarquons également qu'il cautionne la stratégie élyséenne qui a consisté à laisser entendre que cette plaisanterie aurait eu plusieurs niveaux de lecture.
Sur notre propre travail lors de cette enquête de routine, je m'abstiens ici de tout jugement public. Les recadrages nécessaires ont été entamés, et seront poursuivis, en interne.
En clair, comme l'ont souligné plusieurs internautes consternés dans les commentaires de son article, Schneidermann promet de sanctionner Klein pour avoir fait son boulot de journaliste sans mettre en avant ses propres préférences idéologiques (contrairement au tandem Médioni-Schneidermann, visiblement outré qu'on puisse accuser les services secrets israéliens).
L'histoire n'est pas finie. Quelques jours plus tard, toujours à propos du Mossad et du 11 septembre, on apprend que Caroline Fourest attaque Hicham Hamza. Ca me semble une bonne occasion de publier un papier plus approfondi sur les sources de cette rumeur.
C'est amusant : ici, Schneidermann, censé être la référence en matière de décryptage de l'info télé, ne mentionne aucunement à ses lecteurs le motif exact de la plainte de Caroline Fourest à mon encontre: en l'occurrence, mon repérage, révélé dans un article en ligne datant de février 2013, d'une altération significative d'un sous-titrage dans son documentaire consacré aux détracteurs de la version officielle du 11-Septembre. Ce type de sujet était pourtant le coeur de cible historique de l'émission Arrêt sur Images: ici, il n'en est rien. Schneidermman ne fait même pas la moindre allusion à ce problème qui sera désormais exposé et décortiqué devant une cour de justice.
Je demande cet article à David Medioni, rédacteur en chef adjoint du site. L'enquête est là.
Je ne sais pas si David est "sioniste". Je n'en ai jamais parlé avec lui. Je ne connais pas en détail les convictions politiques et idéologiques des membres de l'équipe. Je n'en connais pas plus qu'ils n'en disent. Les entretiens d'embauche ne portent pas sur le sujet. Je n'avais pas lu son texte de 2006 exhumé par Hicham Hamza, et dont je ne partage pas l'analyse. Je n'ai pas lu non plus toutes ses dissertations de 3ème.
Plusieurs choses : primo, Médioni est présenté comme "l'adjoint" au rédacteur en chef alors que l'intéressé se présente lui-même, sur sa fiche Viadeo, comme le "rédacteur en chef". Nulle part, sur le site d'ASI, il n'est fait mention d'un autre rédacteur en chef (Schneidermann est directeur de publication et ne peut, en théorie, cumuler avec le poste de rédac'chef). Deuzio: seuls les abonnés d'ASI peuvent consulter ce qui est pompeusement qualifié d'"enquête" par Schneidermann. C'est bien dommage: d'autres regards critiques auraient aisément constaté la vacuité d'un papier fourre-tout destiné à susciter la confusion dans l'esprit du lecteur. Tertio: DS indique ne pas connaître les "convictions politiques" de ses collaborateurs sous prétexte que ses entretiens d'embauche ne portent pas là-dessus. Embrouille: il s'agit, dans le cas de Médioni, de ses rares papiers mis en ligne et non de ses convictions enfouies au fond de son âme. DS peut-il sérieusement prétendre n'avoir jamais consulté sa prose, consultable sur Internet, avant de le recruter? Remarquons, enfin, sa comparaison inepte et malhonnête entre un article de 2006 (Médioni est alors un journaliste web indépendant âgé de 28 ans) et une "dissertation de 3ème".
C'est son droit (à David)… de porter le béret basque, comme sur ce document accablant qui dévoile dans toute sa vilénie le "fervent soutien d'Israël" …d'aimer les cigares, le magret de canard, et Woody Allen, autres éléments à charge retenus contre lui par Hamza.
Mauvaise foi caricaturale : dans mon papier, j'ai évoqué ces éléments biographiques et visuels pour présenter simplement le personnage et non pour faire de ceux-ci de prétendus "éléments à charge retenus contre lui".
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Panamza reviendra, dans un troisième volet, sur les relations communautaristes inattendues ainsi que sur les accointances idéologiques de Daniel Schneidermann, notamment celles -révélatrices- qui furent exprimées dans ses charges régulières -et parfois conjuguées- contre le "complotisme" et "l'antisémitisme". Paradoxe: c'est le même homme qui, par ailleurs, avait benoîtement affirmé, lors d'un entretien avec Maja Neskovic, que son rêve serait d'écrire un polar racontant le "grand complot de l'Église et du Vatican" pour cacher le fait que "Jésus était un copieur" des manuscrits des Esséniens (une secte juive dissidente).
Pour comprendre la méthode Schneidermann, esquissée plus en détail dans un prochain papier à son sujet, il est déjà possible de visionner la fin de son entretien avec le journaliste d'investigation Pierre Péan. Sa grossière accusation d'antisémitisme, insinuée à l'endroit de son invité et répétée plusieurs fois, sera même assumée par l'intéressé lors d'une interview ultérieure avec Guillaume Erner sur France Inter.
Quant à la suite, patience: la démystification d'Arrêt sur Images continuera bel et bien sur Panamza.
Hicham HAMZA
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4 responses to Les contre-vérités de Daniel Schneidermann sur Panamza
"Jesus était un copieur"…ça sonne moins insultant que "Jesus était un imposteur"…mais cela le sous-entend ….
Aprés ce que le Wahhabisme a fait de L'Islam Sunni (en seulement deux cents ans)…je me demande s'il reste quelque chose du Judaisme originel apres le passage du Sionisme Talmudique…
Bravo Mr Hicham Hamza, nous anciens abonnés d'arrêt-sur-image pouvons dire qu'hélas Mr Schneidermann a bien des accointances avec l'establishment ou les médias mainstreams, même si il parait indépendants. L'abus d'antisémtisme est continuel la censure d'opinions divergentes peut être censurées. Non ce Monsieur n'est pas si indépendant et ces liens tenus avec les médias connus sont trop à charge. Pas question de parler du 11 septembre ou du mossad dans ces oeuvres sinon raus. Au moins vous êtes honnête et n'avez pas peur de dire la vérité contrairement à ces journalistes qui marchent dans les clous.
Bien à vous ..
A propos de Pierre Péan, si vous êtes abonné à @SI et consultez le dossier qui lui est consacré, DS qui a été pris à partie par nombres d'asinautes revient sur l'émission pour enfoncer le clou mais prévient qu'il est prêt à en discuter avec les forumeurs à condition qu'ils aient lu le livre de Péan (sous-entendu, je sais de quoi je parle, moi je l'ai lu). Manifestement, avec votre livre sur le 11 Septembre, il lui aura suffit de s'arrêter au titre pour juger de sa qualité et de votre crédibilité. "Faites ce que je dis, pas ce que je fais".
Quant à ses accointances, en effet, je rappelle qu'il a été condamné aux prud'hommes pour licenciement abusif après avoir viré une pigiste de la veille au soir pour le lendemain au motif qu'elle avait écrit quelques articles pour Réseau Voltaire de Meyssan. On pense ce qu'on veut de Meyssan, les prud'hommes ont tranché que ses écrits ne méritent pas que qui le fréquente de près ou de loin perde son job en moins de temps qu'il ne faut pour l'entendre dire.
Schneidermann fustige et raille "lémédias" mais lui-même y a fait carrière, au Monde, tout en entretenant des liens intéressés avec eux puisqu'il écrit également pour Libération, et Rue89 (propriété du Groupe Perdriel, à qui l'Obs' appartient). Il est donc de cette école et de cette génération où on ne touche pas à quelques vaches sacrées et le "conspirationnisme"/"complotisme"/"confusionnisme" (entendre une fois décodé tout ce qui remet illégitimement les versions officielles douteuses en cause par des non journalistes dénués de vieux flair) y est à tout le moins mal vu. On tombe vite dans la caricature grossière comme vous y avez eu droit.
Quant aux "contre-vérités" pour rester aimable, ce n'est pas une première. A une question dans le public lors d'un débat filmé au sujet de la non couverture par @SI du documentaire de Pierre Carles "Pas vu, pas pris" sur TF1 et la collusion avec les politiques, Schneidermann avait répondu qu'il n'avait pas vu le documentaire à sa sortie…puis avait expliqué quelques années plus tard dans son forum qu'il l'avait bien vu à l'époque mais jugé faible et destiné à faire volontairement du bruit pour rien. Quand Pierre Carles récupère un off filmé de Schneidermann qui assure avant une émission à Jean-Marie Messier qu'on ne lui posera pas de questions fâcheuses sur son plateau, Schneidermann rétorque que ça n'étaient que de simples "essais de voix et de son" sans intérêt et que ça relève de la vengeance personnelle. Quand une rencontre entre Judith Bernard et les auteurs du documentaire "les nouveaux chiens de garde" est annulée à son initiative, Schneidermann affirme que c'est du à Balbastre et Kergoat…alors que c'est lui qui a saboté la rencontre en posant à la dernière minute des conditions auxquelles les deux auteurs répondraient par la négative eu égard au passif qu'ils ont avec lui. Quand tout le monde s'accorde pour considérer que son émission sur Bourdieu à été lamentable et déséquilibrée, lui persiste à dire que tout s'est passé dans les règles de l'art et que le sociologue a été bien servi voire mis en valeur ! Etc…
D'une manière générale, son papier à votre endroit est de mauvaise foi et condescendant; DS a fait de la critique de ses confrères une profession de foi qu'il a du mal à avaler quand elle lui est retournée.
Je conseille à vos lecteurs une très bonne entrevue entre DS et Henri Maler de l'association de critique des médias ACRIMED qui illustre bien la difficulté du taulier d'@SI à accepter les critiques, mêmes bienveillantes. Il y manifeste plusieurs fois son agacement : http://www.acrimed.org/article3369.html
J’en attends beaucoup d’autres