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Jeannette Bougrab: « La laïcité est émancipatrice pour les femmes d’origine arabe »

Info Panamza. L'ancienne responsable de la lutte contre les discriminations a tenu des propos discriminatoires au sujet des Français d'origine maghrébine. Décryptage.

Le 11.07.2013, mis à jour le 17.05.2015

Elle n'exerce plus de fonction politique mais elle continue pourtant de faire parler d'elle.

Ex-ministre du gouvernement Fillon et ancienne présidente de la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations), Jeannette Bougrab était ainsi longuement interviewée par l'équipe de Laurent Ruquier -en février dernier- à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage intitulé "Ma République se meurt" et édité par Bernard-Henri Lévy.

Le 21 mai, cette proche de Claude Guéant donnait également une conférence -chaleureusement promue par le CRIF et consacrée à "la laïcité moribonde"– depuis un bastion de la mouvance sioniste hexagonale: l’association France-Israël, présidée par l’extrémiste Gilles-William Goldnadel. Parmi ses différentes remarques, certaines sont de nature politique (rejet du terme "islamophobie", critique de Sihem Souid et Tariq Ramadan, admiration pour Manuel Valls, visite du mur des Lamentations mais refus d'aller sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem car boycott personnel du voile) tandis que d'autres semblent plus anecdotiques (recherche d"un "volontaire" pour l'épouser, évocation de l'adoption de sa fille, soutien des Américains à son égard, prédilection pour l'humour d'Elie Kakou, constat d'un snobisme à son endroit aux derniers dîners du Siècle).

Une affirmation détonne (à 5'40 de la vidéo) :

 Je suis une acharnée de la laïcité.

Cette intransigeance vient du fait que je demeure convaincue que la laicïté est émancipatrice,

et en particulier pour les femmes d'origine arabe.

Le sous-entendu de ce propos singulier est explicite : naître dans une famille arabo-musulmane revient à venir au monde dans un carcan, surtout pour les femmes; le principe de la laïcité à la française permet de libérer celles-ci de l'aliénation que constituerait l'héritage spirituel de leur famille. Jeannette Bougrab distingue ici les citoyennes d'origine maghrébine de la communauté nationale : elles sont présentées comme pourvues d'un handicap, acquis dès la naissance, en raison de l'islam de leurs ascendants. La religion musulmane est réduite à un culte archaïque et misogyne dont la laïcité permettrait de se désaliéner.

Si une telle déclaration peut surprendre de la part de l'ancienne responsable controversée de la lutte contre les discriminations, elle trouve toute sa place dans l'atmosphère ouatée qui l'entoure alors. Les membres de France-Israël revendiquent ainsi, dans leurs statuts, la volonté de lutter contre "l'islamo-fascisme". Et ce combat peut, si l'opportunité s'en présente, passer par la réinterprétation de la loi de 1905 pour cibler les signes religieux islamiques dans la vie publique, souvent présentés par ses émules comme le cheval de Troie du "fascisme vert".

Obsédée par le "danger islamiste", la pasionaria de l'affaire Baby Loup a encore évoqué la question des femmes musulmanes lors d'une intervention, effectuée également en mai, au sein du CRIF. Quelques jours plus tard, elle devait s'envoler pour Tel-Aviv : l’ambassade de France en Israël organisait un forum-débat autour des thèmes "Nation et Citoyenneté". Interrogée en aparté par un vidéaste attaché à la représentation diplomatique française, elle a évoqué son souci de la laïcité et de l’égalité hommes-femmes avant de qualifier Israël de régime "démocratique" et d’"Etat de droit".



Aucune mention n’est faite par l’observatrice, pour qui "c’est toujours un plaisir de venir en Israël", au sujet de la présence des nationalistes religieux dans le gouvernement Netanyahu ou de la discrimination généralisée à l’encontre des immigrants, notamment des femmes éthiopiennes contraintes à la contraception.

En février, dans un entretien accordé à France Culture, Jeannette Bougrab, fille de harki et adhérente à l’UMP, se qualifiait déjà de "féministe laïcarde" et clamait également -en présence d'un passif Hassen Chalghoumi– son athéisme ainsi que son opposition "radicale, peut-être extrémiste" à la formation d’imams en France.

Un mois plus tard, suite à la décision de la Cour de Cassation sur l’affaire Baby Loup, elle dénonçait paradoxalement (à 28′) le "modèle communautarien"  depuis un lieu pour le moins emblématique : le dîner du CRIF. Le 27 mars, Charlie Hebdo publiait une interview de l'intéressée : celle-ci faisait ainsi savoir son hostilité de principe à la création de nouveaux carrés musulmans dans les cimetières et mettait en garde contre une prétendue prolifération de "crèches coraniques" dans l'Hexagone. Dix jours plus tard, c'est au tour du site "Les Oubliés de l'Actu" de mettre en ligne un entretien avec Jeannette Bougrab: à propos des Femen, elle salue leur démarche mais regrette un aspect particulier.

D’aller à Notre-Dame pour s’indigner, ça n’a pas de sens, elles ne risquent rien. Elles seraient allées le vendredi à 13 heures devant la mosquée de Paris, j’aurais dit chapeau car elles prenaient le risque de se faire caillasser.

Admiration pour Valls, défense des Femen, hostilité aux signes religieux islamiques, éloge d'Israël : Jeannette Bougrab est cohérente. Gageons que sa délicatesse au sujet des violations des droits de l’homme par le régime de Tel-Aviv ne sera pas vue d’un mauvais oeil par ses nouveaux employeurs. Fin 2012, l’ex-ministre est devenue, dans des conditions juridiquement discutables, avocate associée au sein du cabinet international Mayer Brown qui défend, entre autres clients, le ministère israélien de l’agriculture -et non d’éventuels paysans palestiniens humiliés ou spoliés de leur terre.

Une interrogation vient alors à l’esprit : qu’en aurait pensé le grand-père algérien de Jeannette Bougrab, lui qui vécut l’occupation française et fut garde-champêtre?

HICHAM HAMZA  

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2 responses to Jeannette Bougrab: « La laïcité est émancipatrice pour les femmes d’origine arabe »

  1. On janvier 26th, 2015 at 07:45 , Golit said...

    Une pauvre fille. Persuadée du grand amour avec le defunt Charb, au moins pour les télévisions, congédiée sèchement par la famille de celui-ci 48 heures ensuite, ridiculisée après que son hommage diffusé sur LCI donne lieu à l'évocation des amitiés sodomites et alcooliques par l'auteur dudit hommage, qui prétend aussi que le défunt aurait été pro palestinien, un comble d'ambiguïté vu ses positions publiques. On retrouve ici une droite libérale acoquinée avec une gauche libertaire sur fond de confusion identitaire et de sponsoring d'Etat. Bref, des gens sans foi ni loi, le pouvoir et le pognon au centre. 

     

  2. On janvier 28th, 2015 at 22:41 , Tania said...

    Golit, svp, pourriez-vous m'indiquer – où je pourrais consulter l'intervention de Bougrab sur LCI..dont vous parlez // Merci à l'avance

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